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Le salaire de nos élus : entre tabous et omerta

Combien gagnent réellement les dirigeants congolais ? Une question sensible, dans un pays où l’opinion publique estime que les institutions accaparent l’essentiel des richesses nationales pour se rémunérer, alors que les conditions de vie de la majorité des Congolais se détériorent. Les concernés eux-mêmes sont mal à l’aise devant ces questions.

Au micro de la Radio Top Congo, l’ex-présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, a évité la question. Pareil pour le président Tshisekedi qui a affirmé ne pas connaitre son salaire. Ce qui a créé une vive polémique alimentée par de la désinformation.

Alors député, Patrick Muyaya révèlera que les députés gagnent 6250 dollars par mois au taux de 930 soit 5,8 millions de francs. Selon lui, le peuple semble penser avoir le droit de jouir du salaire du député sous forme d’assistance et de dons. Une situation qui ne favorise pas la redevabilité des élus car le soutien de leurs électeurs est conditionné à leur capacité à leur offrir des dons et à prendre en charge des funérailles, des cas de maladie ainsi que d’autres dépenses d’urbanisation pourtant réservées à la mairie. Exemple : construire des ponts ou curer des caniveaux.

Apesa a tala té

Cette expression en lingala qui signifie « il donne sans se soucier de combien », je l’ai entendue pour la première fois lors des élections législatives de 2006. A l’époque, l’aura d’un candidat député se mesurait par sa capacité à faire des dons en lieu et place d’un programme dont nombreux ne se préoccupaient même pas. Promettant monts et merveilles, les candidats distribuaient des tôles, des sachets de riz, du maïs et bien évidemment de l’argent. Ce qui créait une redevabilité morale de ceux qui les percevaient.

On racontait même dans certains quartiers de Kinshasa qu’un candidat aurait menacé ceux qui se hasardaient à prendre son argent sans voter pour lui, disant qu’ils seraient frappés par de mauvais sorts. Bon, nous sommes à Kinshasa : après tout, les mythes font partie de la culture ici. Une forme de corruption que dénoncera le G13, un groupe de 13 parlementaires initiateurs d’une proposition de réforme de la loi électorale congolaise. Sur les 18 propositions suggérées par ce groupe figure au point 8 «  l’interdiction de distribuer de l’argent, des biens ayant une valeur pécuniaire ou tout autre avantage, ainsi que la sollicitation ou l’acceptation d’un don quelconque pendant la campagne électorale ».

Voyons voir si les parlementaires congolais arriveront à s’affranchir de ce style de gouvernance qui les a fait élire et qui les oblige à rendre compte à leurs électeurs moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes.

 

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