De plus en plus, les « Sapilo » : boissons fortement alcoolisées inondent le marché de Goma. L’ivresse coûte moins cher que jamais.
J’ai rencontré plusieurs « sapilogues » au quartier Birere, où la consommation d’alcool est intense. Dans un débit de boissons improvisé dans une maisonnette privée, des chauffeurs, des musiciens, des ouvriers et même des policiers consomment cet alcool ! Au comptoir, on peut entendre une voix forte venant d’un coin de la pièce : « Mère, amène-nous un autre Kipande ! » (Kipande étant une demi-bouteille de Sapilo.)
Buvez pour aller au paradis !
C’est devenu, un mode de vie pour certains jeunes. Ils sont surnommés « les sapilogues » à cause de leurs performances. Ils consomment beaucoup d’alcool et résistent à l’ivresse. C’est aberrant. « Après avoir bu ma bouteille de Sapilo ‘Simba’, je me retrouve au paradis et j’oublie tous mes problèmes. Quand nous buvons plus, mes amis en achètent encore d’avantage », se vante Mushagalusha, un jeune homme d’une vingtaine d’années rencontré à Birere.
Ces boissons fortement alcoolisées sont consommées en masse car elles ne coûtent pas cher ! Leurs noms de marque sont bizarres, voire non certifiés. Elles sont probablement produites dans des usines clandestines. Souvent emballées en petites bouteilles et dans des sachets plastique, ceux qui en abusent sont aperçus comme morts au petit matin avec une bouteille de Sapilo entre les mains.
Plus de 40% de taux d’alcool
La consommation de ces boissons prend de l’ampleur bien que les autorités locales brûlent presque chaque mois des cargaisons interceptées de ces boissons à plus de 40% de taux d’alcool.
Leur accès est très facile. On ne vérifie pas votre âge à l’achat. 300 à 1000 francs congolais (0,3 et 1 $) suffissent pour s’en procurer et s’enivrer ! C’est apparemment la nouvelle drogue à Goma.
« Je suis chômeur. Donc incapable de m’offrir du Cognac ou ces liqueurs de luxe qui coûtent très chères. L’arrivée de Sapilo à Goma ça été une aubaine pour moi. Ça me permet d’oublier toutes ces injustices sociales et de créer un monde à moi ! », essaie d’expliquer Rems, 27 ans, pour justifier sa consommation. Il n’est pas le seul dans cette situation.
Une solution urgente s’impose !
Sapilo est une menace, pour beaucoup de jeunes. Ils boivent beaucoup et tout le temps, sans se rendre compte des risques. Les effets sur la santé sont d’autant plus grands que les gens mangent peu quand ils boivent. D’ailleurs, dans les restaurants, la nourriture coûte plus chère que ces boissons prohibées.
Certains disent qu’il s’agit encore d’un plan diabolique pour détruire la jeunesse congolaise et ravager de nouveau le peuple congolais. Ces boissons seraient produites par un pays voisin et importées illégalement en RDC. Si tel est le cas, il est urgent que les contrôles soient renforcés aux douanes congolaises. Il suffit de confisquer tous ces produits douteux à la frontière s’ils sont bel et bien importés de l’étranger !