La maladie d’Ebola et l’empoisonnement ont des signes similaires : douleur à la poitrine, forte fièvre, crachat de sang,… Dans la région, il est dit que la médecine moderne ne soigne pas le poison. Il faut plutôt se rendre chez un phytothérapeute. Le problème est que dans le cas d’Ebola, l’officine du tradi-praticien devient un centre de distribution de la maladie d’Ebola à ses clients. Que faire devant ces signes?
« Mon enfant n’est pas mort d’Ebola. Il a été empoissonné. Ma fille est morte empoisonnée par les personnes jalouses de son prochain mariage. Mon mari est mort du poison. Ce n’est pas la première fois qu’il était empoissonné.» Voilà des cris qui ressortent régulièrement des familles ayant perdu un membre par Ebola.
L’empoisonnement consiste à inoculer intentionnellement des particules nocives, à travers un repas, par exemple, à une personne à qui l’on veut nuire ou même que l’on veut tuer. La plupart des poisons agissent lentement afin qu’il y ait suffisamment de temps pour qu’il ne soit pas fait de liaison entre la victime et son bourreau. Ils détruisent à petit feu les organes (foie, reins, estomac, intestins,….) lorsqu’on s’en rend compte, il est trop tard.
Il est généralement admis dans la région que la médecine moderne ne guérit pas de l’empoisonnement. Pour se faire soigner, il faut impérativement consulter un phytothérapeute. Vu la récurrence du problème dans le milieu, les officines de cette médecine naturelle foisonnent.
Le diagnostic
A l’apparition simultanée du sang dans les crachats, d’une forte fièvre, d’une grande chaleur dans la poitrine, d’une forte fatigue,…d’habitude on se rend d’abord chez un tradi-praticien pour un test poison afin qu’il commence le traitement avant qu’il ne soit tard. Pourtant ces signes peuvent être associés à bien d’autres maladies, et, bien évidemment, font parties des symptômes de la maladie à Virus Ebola,… Mais la population n’accepte pas cela car ce sont les mêmes signes que l’on a toujours fait soigner pour le poison et des gens survivent. Contrairement à Ebola, les gens ne reviennent du CTE qu’en sacs mortuaires.
Pourtant, cette similitude est bien expliquée : « Ebola est un virus qui détruit les organes du corps humain tels que les reins, le foie,….entraînant la faiblesse, une forte fièvre et le sang dans les crachats », explique Docteur Bibiche MADIDI, présidente de la sous-commission surveillance et prévention des infections à Beni.
Le risque est réel quand un malade se fait soigner du poison alors qu’il ignore qu’il souffre d’Ebola. Il expose son guérisseur et tous les patients qui passeront par là. Pire encore, il retarde sa prise en charge au CTE. « Pourtant, plus vite on est pris en charge, plus on a la chance d’être guéri d’Ebola souligne Dr. Muyembe. « Apres 10 jours, Ebola entre dans la phase liquide, sueur, vomissements, diarrhée, sang,… Si l’on n’est pas encore pris en charge, les chances d’être guéri s’annihilent, précise Dr Gaston Tshapenda, coordo de la sous- coordination de Beni, avant d’ajouter qu’ayant été des lieux de contagion certains centres ont été fermés et certains tradi-praticiens sont morts d’Ebola. »
Analyse d’Ebola d’abord
Le laboratoire de la maladie à virus Ebola fait tous les examens biomédicaux, informe Docteur BIBICHE, soulignant que là où le tradi-praticien détecte le poison, un laboratoire biomédical détectera une déficience rénale, par exemple. « Ainsi la solution est simple. Il suffit de se rendre d’abord au CTE pour les analyses d’Ebola. Une fois que le laboratoire aura établi que ce n’est pas Ebola, le malade pourra suivre les soins où il veut », conseille-t-elle. Cette simple prise de conscience pourra épargner d’énormes vies humaines.