Le défenseur des droits humains et artiste slameur congolais Depaul Bakulu a été honoré mercredi 9 avril par Harvard Law School, en recevant le Global Advocacy Award 2025. Une distinction prestigieuse décernée chaque année par Harvard Law School Advocates for Human Rights et Harvard Human Rights Journal pour récompenser un engagement exceptionnel en faveur des droits humains.
Âgé de 30 ans, Bakulu incarne une jeunesse congolaise résiliente et déterminée. Membre du mouvement citoyen Lucha (Lutte pour le changement), il milite depuis plus d’une décennies pour la démocratie, la justice sociale et la dignité humaine en République démocratique du Congo. « J’ai aujourd’hui 30 ans, exactement comme la guerre qui déchire mon pays », a-t-il dit.
« Hommage à ceux qui refusent de baisser les bras »
Parlant du prix qui lui est décerné par Harvard, il a déclaré : « Ce prix n’est pas une reconnaissance individuelle, c’est un hommage à tous ceux qui refusent de baisser les bras. Il nous rappelle que même dans l’obscurité, une petite flamme peut éclairer l’espoir. » Dans son discours émouvant prononcé à distance depuis Arusha en Tanzanie, où il vit actuellement pour sa sécurité, il a évoqué « la beauté naturelle et la richesse minérale de l’est du Congo », tout en dénonçant ce qu’il qualifie de « réalité tragique faite de guerre, de pillages, de répression et d’indifférence internationale révoltante ».
Bakulu utilise le slam comme un outil d’éveil citoyen et de résistance. Avec le collectif Goma Slam Session qu’il a cofondé, il a touché plus de 18 000 jeunes à travers des ateliers d’écriture dans les écoles de Goma, des lectures, et des actions dans des zones rurales souvent oubliées. « J’ai décidé d’agir stratégiquement pour conscientiser les jeunes à travers l’art et la culture », a-t-il affirmé, soulignant comment l’éducation alternative peut devenir un levier puissant pour le changement social.
« La violence d’État ne me décourage pas ! »
Le jury de Harvard a salué son courage face aux risques encourus. Malgré les arrestations, les tortures et les assassinats de ses camarades militants comme Pierre Byamungu tué à Kalehe et son ami artiste Delcat Idengo assassiné à Goma par la rébellion du M23, Depaul Bakulu continue de se battre pour un Congo meilleur. Il a déclaré : « La violence d’État, loin de me décourager, m’a plutôt convaincu que l’hommage à rendre à ces vaillants camarades tombés était de poursuivre inlassablement notre lutte commune. »
Son travail humanitaire a aussi été mis en lumière. Grâce à l’initiative Goma Actif, il coordonne depuis trois ans, avec d’autres bénévoles, une assistance vitale aux déplacés de guerre autour de Goma, fournissant soins médicaux, nourriture et soutien psychologique à des milliers de femmes, enfants et personnes âgées.
Avec cette distinction, Harvard espère non seulement amplifier la voix de Depaul Bakulu, mais aussi attirer l’attention de la communauté internationale sur la tragédie humanitaire et les violations des droits humains persistantes en dans l’est de RDC.