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Soki, la motarde de Goma

Agée de 33 ans, handicapée et mère de 3 enfants, Kanyere Muswagha Soki exerce le métier de motard. Avec sa moto tricycle elle sillonne à longueur de journée les routes et les rues de la ville de Goma en transportant des passagers et des marchandises.

Elle exerce aussi le transport transfrontalier entre le Rwanda et la RDC dans un climat de tracasseries avec les agents douaniers. Toute sa vie est une lutte.

Handicapée de naissance avec deux jambes immobiles, Soki a su briser le tabou ! Depuis six ans, elle est motarde pour assurer la survie de ses enfants. Etant la seule femme motarde que je connais dans la ville de Goma, qui compte plus d’un million d’habitants, elle est l’exemple parfait qui démontre qu’aucun métier n’est réservé aux hommes.

Un parcours du combattant

Soki est l’ainée d’une famille modeste. Elle a été rejetée par les siens et oubliée par la société. Elle n’a jamais été sur les bancs de l’école bien qu’elle soit née à Butembo, une ville réputée pour son taux élevé de scolarisation à l’Est de la RDC.

Ses parents la voyait comme une charge à cause de son handicap. Son travail était uniquement de surveiller les grains de millet étalés au soleil à l’entrée de l’enclos familiale. A 16 ans, elle se lance dans le tricotage de gants qu’elle vend pour subvenir à ses besoins.

Grâce à l’épargne elle s’achete son premier vélo pour handicapé. Une bienfaitrice du nom de Kahindo Salima, elle aussi handicapée, l’aide ensuite à s’installer à Goma pour échapper aux souffrances qu’elle endurait dans sa famille.

La vie d’une femme motarde

A Goma, elle se lance alors dans un nouveau métier : le transport de marchandises à la frontière entre le Rwanda et la RDC. Kahindo devient rapidement sa nouvelle mère et l’accueille chez elle pendant près de 3 ans. Avec ses économies, elle parvient à s’acheter sa moto tricycle.

La possession de cet engin roulant lui ouvre de nouvelles perspectives. Ainsi Soki est mêlée à la masse de motards, constituée seulement par les hommes. Et malgré les moqueries des femmes, rien ne l’empêche de mener ses activités.

Les querelles avec sa clientèle, les embouteillages et les tracasseries sur la route font parties de son quotidien. Elle se réjouit de pouvoir rencontrer des hommes et de discuter de la vie. Grâce à son courage elle est aujourd’hui propriétaire d’une maison en dur. « Ce que je possède aujourd’hui c’est le fruit d’un dur labeur, le souci de réussir pour m’identifier comme une femme et pas comme une handicapée », conclut-t-elle.

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