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Goma : la solidarité interethnique : un rempart contre l’insécurité au quartier Mabanga-Nord

Mabanga-Nord est parmi les 18 quartiers de la commune de Karisimbi à Goma au Nord-Kivu. Ici, les jeunes refusent que la manipulation et les origines ethniques ne dictent leur engagement sécuritaire. Ils ont prouvé que l’unité peut être une force. Pour cela, ils ont mis en place un comité très équilibré : un président Tutsi, un vice-président Nande, et des membres issus de différents groupes ethniques vivant dans ce quartier.

Déjà en 2024, Mabanga-Nord a été reconnu comme le deuxième quartier le plus sécurisé de Goma, après le quartier Les Volcans situé au centre-ville. Cela est dû à l’unité et à l’engagement des jeunes de Mabanga-Nord. Le vice-président du comité de la jeunesse, Christopher Kambale, explique : « En voyant notre engagement, l’ancien gouverneur militaire du Nord-Kivu, feu Peter Cirimwami, nous avait même promis un véhicule Land Cruiser pour nous permettre de mener nos activités sécuritaires en toute quiétude dans toutes les huit avenues de notre entité. »

Pour lutter contre la montée de l’insécurité dans leur quartier, ces jeunes ont mis en place plusieurs stratégies innovantes. Ils se sont par exemple dotés de radios Motorola pour gérer la situation en temps réel. Ils ont également créé un groupe WhatsApp dénommé « SOS » en vue d’une réactivité instantanée et une mobilisation collective, lorsqu’un problème d’insécurité est signalé dans le quartier.

L’efficacité de cette initiative a trouvé l’adhésion des parents responsables qui soutiennent ces jeunes avec conseils, moyens matériels et contributions financières. « Ce sont eux qui ont mis à la disposition de la jeunesse plus de 400 radios Motorola dans les 8 avenues que compte le quartier Mabanga-Nord. Actuellement, une contribution volontaire de chaque ménage est en cours pour acheter de grosses ampoules pour l’éclairage public », témoigne Blaise Kasereka, un des chefs d’avenues.

Des actions visant l’unité de la jeunesse

Ce modèle de cohésion interethnique de la jeunesse fait aujourd’hui école : alors que certains quartiers connaissent une complicité passive de leurs leaders de jeunes dans l’insécurité, Mabanga-Nord prouve qu’ensemble, quelles que soient les origines ethniques, il est possible de bâtir une résistance citoyenne forte.

Un exemple inspirant pour toute la ville de Goma avec ses dix-huit quartiers. Le fait que les membres du comité des jeunes soient issus de différents groupes ethniques, « permet de discuter sur la pertinence et l’objectivité des actions à prendre. Car, il est difficile de dire non à la proposition de son frère d’une même tribu », affirme Chancelle Mwamba, une fille Luba, membre du comité de la jeunesse dans ce quartier.

Le seul défi pour lutter contre le tribalisme, c’est la présence de certains chefs d’avenues qui ne veulent écouter que les jeunes de leurs tribus. Le quartier Mabanga-Nord est majoritairement habité par le peuple Nande, regrette Christopher Kambale, vice-président du comité des jeunes, lui-même ressortissant de cette communauté.

Ce jeune collabore avec tout le monde, sans distinction d’origine ethnique.  Il explique ici comment leur comité lutte contre les anti valeurs : « Dans notre quartier, nous dénonçons les antivaleurs des chefs d’avenues qui ne veulent pas accepter [le lieu] de provenance de l’autre.  Nous avons influencé le départ du chef Michel Siyauswa qui n’avait pas de bureau, mais faisait tout dans son véhicule. C’était difficile de l’atteindre pour trouver solution aux problèmes du quartier. »

De la même manière, le comité des jeunes a fait partir le remplaçant du chef de quartier jugé trop tribaliste. Il était accusé de  tenir publiquement des propos divisionnistes. Plus grave, pour venir au secours aux personnes affectées par les incendies ou l’insécurité, « il fallait qu’on lui donne de l’argent », explique Christopher Kambale. Après moult dénonciations, il a été remplacé.

Les difficultés d’accomplir leur mission

Depuis la prise de la ville de Goma par le M23, les jeunes ne savent plus mener leurs actions sécuritaires. De peur d’être confondus avec d’anciens FARDC et Wazalendo en tenues civiles, ces jeunes n’ont pas été autorisés par les nouvelles autorités à faire des patrouilles nocturnes. Mais ils peuvent s’organiser pour collaborer avec les nouveaux responsables de l’armée AFC/M23 affectés à la sécurité du quartier Mabanga-Nord.

Bien qu’ils soient prêts à mener leurs actions pour sécuriser leur quartier, certains jeunes ont peur que  les nouvelles autorités ne les envoient par la force en formation militaire. Aujourd’hui, l’insécurité à  Goma est causée par d’anciens prisonniers, des Wazalendo, ainsi que des jeunes consommateurs de liqueurs fortes. La plupart d’entre eux n’ont pas de travail et tombent facilement dans la délinquance.

 

 

*Ce contenu de sensibilisation est produit dans le cadre du ‘’Peace Project’’, un projet de paix mené dans l’est de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, en partenariat avec l’ONG néerlandaise Mensen Met Een Missie (MMM). Ensemble, nous encourageons les communautés à adopter et à partager davantage de récits alternatifs et inclusifs, afin de promouvoir la paix sociale, le dialogue et le vivre-ensemble. Cette initiative s’oppose aux discours de haine, à la manipulation et à la violence, qui fragilisent le tissu social.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. La ville de Goma a 18 quartiers et non la commune de Karisimbi.
    Ce vice-président, soi-disant de la communauté Nande, est en train de vouloir faire porter la charge du tribalisme à ses frères de tribu.
    Il n’est pas sérieux, ses visées sont vraiment floues.

    Le tribalisme existe partout au Nord-Kivu.