Une scène a fait le tour des réseaux sociaux. On y voit plusieurs policiers attroupés autour d’un véhicule dont ils retirent la batterie sous les protestations du propriétaire et les huées des passants dans une rue de Kinshasa. Dans une autre vidéo tournée à Bukavu, des policiers de roulage tentent d’obtenir un pot-de-vin après avoir arrêté un automobiliste.
Les policiers récalcitrants filmés dans ces images ont par après été appréhendés et ont subi des sanctions disciplinaires allant du transfèrement vers d’autres unités à la radiation ou la prison. Et donc, le téléphone joue un rôle central dans le monitoring des tracasseries de la police en RDC.
Pourtant, il y a encore quelques années, le simple fait de filmer un agent en uniforme constituait une raison pour se faire arrêter en RDC. Je me rappelle un jour où après avoir pris des photos d’une grève de taximen pour justifier mon retard au travail, des policiers m’ont menacé et tenté d’arracher mon téléphone. Il n’existe pourtant aucune loi interdisant de filmer des agents de l’ordre.
Le poids de l’internet dans nos interactions quotidiennes a fini par en faire une force pour interpeller directement les décideurs. Désormais, de nombreux agents hésitent de plus en plus à se compromettre, notamment lorsqu’ils savent que leurs actes peuvent être filmés par plusieurs personnes dans la rue.
Une loi c’est mieux
Le chef de la police de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo, a encouragé les usagers à filmer toutes les bavures et les tracasseries des agents en uniforme dans la ville. Cependant, cette recommandation du premier policier de la ville ne suffit pas. Je pense qu’en faire plutôt une loi votée au Parlement, permettra de lever toute équivoque et donnera aux citoyens une arme efficace pour lutter contre les abus. Les députés provinciaux de Kinshasa devraient déjà penser à en faire un édit, avant que la mesure ne s’étende à l’ensemble du pays.