Quand le ministre de la Communication de la RDC a commencé à taxer de terrorisme des violences commises sur les populations civiles à l’est du pays, j’avais d’abord pensé à une fuite en avant, à un aveu d’impuissance. Mais après avoir lu Le terrorisme en RDC, livre du Congolais Jules Katumbwe, je dois convenir qu’il s’agit bel et bien de terrorisme. Mais alors de la pire espèce. Même un terrorisme d’Etat.
Terrorisme, le terme est nouveau, mais le fait est ancien, très ancien même. De par le monde, il y a des individus, surtout des groupes, qui ont trouvé que la meilleure façon de faire entendre leur voix et d’attirer l’attention sur eux pour faire valoir leurs revendications, était d’inspirer la terreur. Ils frappent alors de grands coups, avec un grand nombre possible de morts, généralement des innocents.
Les groupes armés étrangers qui écument la RDC (LRA, ADF, FDLR) se distinguent nettement de tous les autres groupes terroristes du monde. La raison, à mon avis, est qu’ils ne se contentent pas que de tuer, mais ils s’évertuent de tuer de la façon la plus atroce qui soit. Tuer même des bébés, c’est gravement inhumain.
Terrorisme d’Etat
Ces organisations terroristes étrangères se sont implantées en RDC comme si elles étaient chez elles depuis plus de vingt ans. La RDC est ainsi, selon moi, un Etat terrorisé. C’est le peuple qui est terrorisé et non les institutions qui, elles, sont protégées avec des moyens colossaux.
Mais à qui profite le crime ? Un régime qui veut se maintenir au pouvoir par n’importe quel moyen n’a-t-il pas intérêt à laisser pourrir ce genre de situation, le meilleur des prétextes pour déclarer à n’importe quel moment un état de siège ou justifier le report des élections ? Laisser terroriser sa population, cela n’est-il pas une forme de terrorisme ? Pourquoi les dirigeants congolais ne parviennent-ils pas à mettre un terme aux violences armées dans le pays ? On n’y comprend rien.
J’en viens ainsi à parler d’une autre forme de terrorisme : le terrorisme d’Etat. Sa naissance remonte au régime de la Terreur sous la Révolution française. Il est la marque de tous les régimes totalitaires. « On parle de terrorisme d’Etat dans le cas où des actions terroristes ont été mises en œuvre, commanditées, planifiées, manipulées, exécutées ou complaisamment et consciemment ignorées par un Etat. Les méthodes employées sont strictement les méthodes du terrorisme (enlèvements, séquestrations et assassinats), mais sous couvert de la raison d’Etat », écrit Jules Katumbwe dans son livre.
Terroriser son propre peuple…
On a vécu tout cela pendant la deuxième République, avec notamment la pendaison des « martyrs de la Pentecôte ». Ou encore, l’assassinat de Pierre Mulele. Réprimer dans le sang les manifestations pacifiques, arrêter les opposants et les activistes des droits de l’Homme, museler la presse, c’est du terrorisme d’Etat.
Cette forme de terrorisme n’est peut-être pas bien perçue en RDC du fait que les répressions sanglantes sont récurrentes mais non endémiques. Les manifestations pacifiques débouchent toujours sur un bain de sang, et le lendemain on oublie tout, en dépit du nombre de victimes et d’arrestations, en dépit même des protestations de la fameuse communauté internationale… Un leadership congolais incapable de terroriser les terroristes mais fort capable de terroriser sa propre population.
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