« Tia », cette pépite musicale qui place l’artiste RJ Kanierra sur le trône

« Balance le son, je vais contracter une dette dont le seul débiteur sera le gouvernement… ». Cette phrase traduite ici littéralement du swahili, résonne presqu’en boucle dans toutes les oreilles à Lubumbashi. La phrase n’est rien d’autre que le refrain du tube du moment : « Tia ! » Mais pourquoi un succès aussi fou, pour une chanson sortie il y a à peine deux mois ?

A mon avis, le succès de ce single est à chercher premièrement dans la capacité dont fait preuve l’artiste, de puiser dans les mœurs locales, pour offrir au public une musique qui lui ressemble et à laquelle il s’identifie. Ensuite, RJ Kanierra sait jongler avec différents ingrédients tels que l’humour, l’ironie, la satire et parfois la dérision, pour bien pimenter sa sauce.

La phrase en lingala « Posa yakopema, Kufa kasi ! (envie de repos, meurs alors !) », tirée de la chanson Tia, en est l’illustration parfaite. Si certains voient en cela une philosophie tanzanienne allant dans le sens de « Masikini alali mutchana » (le pauvre ne peut s’offrir une sieste), à Lubumbashi, beaucoup trouvent du réconfort, de la force et de l’espoir dans ce genre de propos. Des phrases populaires comme : « Ni bi imbe dje », « Ni bi seme dje », « Ni furahi dje », « Ni bi bambe dje », « Ni tenkunye dje », « Ni bi mwange dje », sont une façon satirique de se plaindre ou de présenter un problème que l’on a déjà dénoncé, mais qui ne trouve toujours pas de solution. Un ras-le-bol que l’on peut traduire par « Comment dois-je le dire ? », et par bien d’autres façons de l’exprimer…

D’ailleurs, l’artiste RJ Kanierra l’exprime de la meilleure manière quand en lingala, il dit à peu près ceci : « Les agents de l’Etat sont impayés, trop d’arriérés de salaire ; ça énerve mais on n’a pas le choix. Un travail ardu mais ingrat »… Qui peut prétendre ne pas connaitre pareille situation ?

La pépite qui replace l’artiste sur son trône

Depuis sa sortie le 7 juillet 2023, la chanson « Tia » est de toutes les fêtes. Pas un taxi, pas une parcelle, et même pas un pas sans entendre « Balance le son, je vais contracter une dette dont le seul débiteur sera l’Etat (le gouvernement)… » La célébration récente de nouveaux diplômes d’Etat ne nous a pas montré le contraire. D’ailleurs, c’est au son de « Tia » que les blogueurs Habari de Lubumbashi, ont remis leur enveloppe en guise de cadeau, lors de la soirée dansante, organisée pour le mariage de leur collègue Adrien Ambanengo.

Puisque les chiffres ne mentent pas, YouTube renseigne qu’en date du 11 septembre 2023, le single Tia de RJ Kanierra a été vu 1,3 millions de fois. C’est une performance que beaucoup de ses pairs de l’espace Grand-Katanga, n’ont jamais réalisée en seulement deux mois. Est-ce pour cela que l’artiste dit : « Kati ya miye nawo ni mawingo (Entre moi et eux ce sont les nuages) » ?

En attendant que quelqu’un d’autre ne s’endette pour venir détrôner Tia, chapeau à l’artiste RJ Kanierra !