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Trois après l’alternance, l’ombre de Kabila plane toujours sur le pays ?

Le 24 janvier 2019, la RDC a vécu l’un de ses plus beaux jours, certainement le plus beau depuis le 30 juin 1960. Ce jour-là, l’esplanade du Palais de la nation a accueilli du monde pour un événement jamais vécu : une passation pacifique du pouvoir entre deux présidents élus. Trois ans plus tard, que reste-t-il de ce jour historique ?

Le 24 janvier 2019, à l’issue de son élection au suffrage universel, Félix Tshisekedi prêtait serment en qualité de cinquième président de la RDC. Bien plus qu’un serment, cette date marquait surtout une double victoire : celle de la démocratie et de la souveraineté congolaise. En effet, contrairement aux cycles électoraux de 2006 et 2011, celui de 2018 a été organisé sur fonds propres.

Tshisekedi investi, c’était surtout la réalisation d’un grand rêve, celui de voir deux présidents cohabiter dans notre pays : un ancien et un autre en fonction, avec en prime un passage de témoin dans les règles de l’art.

En effet, durant les 59 premières années de son existence, la RDC n’avait jamais eu ce privilège. Kasa-Vubu, premier président du Congo indépendant, est mort quatre ans après son renversement dans un anonymat complet. A son tour, Mobutu est décédé quatre mois après son éviction. Scénario plus affreux encore, Laurent Désiré Kabila a été assassiné en pleines fonctions.

Kabila à jamais dans l’histoire

Arrivé au pouvoir à tout juste 29 ans, Joseph Kabila a su relever plusieurs défis : organiser les élections et asseoir la culture du vote, mais surtout offrir au pays sa première transition démocratique et pacifique. Oui, ce n’est nullement un cadeau, mais un prescrit constitutionnel. Et on connait la valeur des Constitutions dans les démocraties africaines. Bien plus, les élections de 2018 ont surtout consacré la victoire d’un candidat de l’opposition, de quoi rendre l’histoire encore plus belle.

La scène restera à jamais dans les annales du pays. Sur l’estrade installée ce 24 janvier 2019, le couple Tshisekedi et le couple Kabila partageaient les honneurs et célébraient ensemble la victoire de tout un peuple. Le lendemain, la remise et reprise a finalement eu lieu. Le désormais sénateur à vie Kabila se retranchait dans son domaine de Kingakati pour faire de l’espace au nouvel homme fort de Kinshasa.

L’alternance oui, mais pour quels résultats ?

Trois ans après l’événement, l’état de grâce est terminé pour Tshisekedi. Fini les tâtonnements, fini les apprentissages, place au travail. Surtout que le Congo est très en retard. Seulement, 36 mois après, les résultats tardent à venir. Les opposants, donneurs de leçons d’hier et aujourd’hui au pouvoir, semblent répéter les erreurs qu’ils condamnaient jadis. Même parti et déplumé, Joseph Kabila conserve son ombre sur la nation. Aujourd’hui, tout semble se mesurer à lui : les actions, les bavures et mêmes les bêtises.

L’alternance pacifique était censée nous faire couper les ponts avec les méthodes du passé. Malheureusement, l’on se plait à les prendre aujourd’hui pour modèle. Ce 24 janvier, bien plus qu’une célébration, chaque Congolais devrait se rappeler de Rossy Mukendi, Thérèse Kapangala et d’autres héros de la démocratie qui ont arraché cette victoire au prix de leur sang. Les honorer, c’est rectifier le tir et ne plus refaire ce qu’on reprochait au régime passé. Vive l’alternance !

 

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