Depuis le retour des rebelles du M23, appuyés par le Rwanda et la reprise des affrontements en mars 2022 dans le Nord-Kivu, de plus en plus de femmes sont touchées par des violences. Nombreuses parmi les déplacées de guerre, les femmes sont victimes de violences sexuelles.
L’hôpital Heal Africa qui reçoit certaines des victimes de la guerre du M23 à Goma, dit avoir constaté une hausse de cas de viols et de violences basées sur le genre touchant particulièrement les femmes et les jeunes filles. Cela depuis la reprise des affrontements entre les FARDC et le M23 dans le territoire de Rutshuru, il y a près d’un an.
Il existe un projet du gouvernement congolais dénommé Prévention et réponse aux violences basées sur le genre au Nord-Kivu (PRVBG/NK). Ce projet est exécuté par le Fond social de la RDC dans quatre provinces, et Heal Africa en est l’un des partenaires de mise en œuvre. PRVBG/NK a documenté une hausse de cas de violences sexuelles qui touchent essentiellement les femmes.
Docteur Jacques Batenga, chef du projet PRVBG/NK, explique : « Les survivantes de violences sexuelles ont un problème d’accessibilité aux services de santé. Les hôpitaux sont souvent éloignés des villages. Ce qui fait que le Fonds social a appuyé les interventions de Heal Africa pour renforcer l’utilisation des services par les survivantes de violences sexuelles. »
Ces services sont entre autres « One Stop Center » qui offre une prise en charge multisectorielle. One Stop Center donne une réponse médicale et psychologique, mais aussi une assistance légale ainsi qu’un appui socioéconomique. Ce service forme et équipe également le personnel sanitaire au Nord-Kivu.
Réponse médicale et socioéconomique
Depuis 2019, Heal Africa travaille dans ce projet avec le gouvernement. « Grâce à ce projet, Heal Africa a réussi à soigner plus de 5000 personnes, des hommes et des femmes victimes de violences sexuelles. L’hôpital a également réparé des problèmes complexes de violences basées sur le genre, notamment les problèmes de fistule, de prolapsus et d’autres complications liées au viol pour plus de 3000 personnes », renseigne docteur Jacques Batenga.
Cette année, jusqu’à ce jour, Heal Africa a soigné plus de 2000 personnes survivantes de violences basées sur le genre à Goma, Lubero et Mamalako au Nord-Kivu. Elles ont bénéficié d’un appui socioéconomique et des moyens de subsistance à travers plusieurs activités. C’est notamment : la formation sur les activités génératrices de revenus et les activités agropastorales appuyées par des structures communautaires telles que « Safe House ». Il y a aussi des maisons pour accueillir les femmes victimes d’injustice et d’insécurité juridique.
L’accompagnement juridique est donc l’un des piliers de l’hôpital pour aider les victimes et les survivantes des violences sexuelles au Nord-Kivu. Selon docteur Jonathan Muhindo Lusi, représentant légal de Heal Africa, « vous ne pouvez pas aider une victime de violences sexuelles sans lui apporter la justice ».