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« We are the word school », l’école des victimes de guerre.

Pour finir ma mission à Béni j’ai voulu raconter au moins une histoire heureuse. L’histoire d’une oasis au milieu du chaos, une école pour tous les enfants mais surtout pour ceux qui ont été victimes des affres de la guerre.

« We are the world school » a ouvert ses portes en septembre 2014 suite à une initiative de mademoiselle Hortense Kavuo Maliro, une femme handicapée physiquement. Hortense a souhaité offrir une chance aux enfants de cette partie du pays rongée par des massacres depuis deux ans. Interview.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer cette école à Béni ?

Tout est parti d’ une enquête effectuée en 2002 au sein de l’association pour l’intégration sociale des handicapés physiques (AISHP) une organisation non gouvernementale et sans but lucratif dont je suis fondatrice. Dans cette enquête j’ai constaté que la plupart des personnes en situation d’handicap n’étudiaient pas,  elles sont analphabètes et vouées à la mendicité. Ceux qui ont la chance de pouvoir travailler sont orientées vers des petits métiers ingrats par leur famille. Pourtant, ces personnes vivant avec handicap sont intelligentes. Cette marginalisation observée dans de nombreuses familles m’a poussée à agir. J’ai commencé par octroyer des bourses d’études aux enfants souffrants d’un handicap et les résultats ont été très satisfaisants. J’ai sensibilisé les parents en me prenant comme exemple. Moi j’ai eu la grâce. Mon handicap n’a jamais été un problème ni pour moi ni pour mes parents. J’étais une enfant parmi les autres. Mes parents ont fait tout pour moi en me scolarisant. Je devais faire la différence en montrant à toute la communauté que mon handicap ne me limitait pas intellectuellement. Que les familles arrêtent de marginaliser leurs propres enfants et qu’ elles leurs offrent une chance équitable et égale à celle des autres enfants. C’est ce qui avait été fait pour moi. Aujourd’hui je suis très fière car nos statistiques montrent qu’entre 2003 et 2013, AISHP a pu assister les études primaires et secondaires de plus de 500 enfants handicapés. Nous avons également soutenu 28 étudiants à l’université qui ont tous été diplômés. En 2014 nous avons reçu un don de la Stiftung Sternenstaub et j’ai ciblé Béni pour y construire « We are the world school », une école inclusive où tout enfant sans exception a accès à un enseignement de qualité. L’ éducation est le seul héritage qu’un parent puisse donner à son enfant.

Comment faites-vous fonctionner cette école ?

C’est un grand défi. Les participations de 5$ par parent que nous demandons ne suffisent pas à faire fonctionner l’école. Ils contribuent à ce que les élèves se donnent à cœur joie aux études en sachant que c’est aussi grâce à  un dur labeur des parents qu’ils sont là. Cela augmente leur motivation. Nous fonctionnons donc avec les moyens du bord grâce aux cotisations des quelques amis. Nous continuons à  frapper aux portes pour trouver un partenaire qui pourrait soutenir notre école. Toutefois je remercie le gouvernement congolais qui vient de nous accorder l’agrément nous autorisant à  fonctionner comme « We are the world school », un établissement privé agréé. Nous sollicitons l’aide des philanthropes du monde entier. Ces enfants sont dans une zone rouge qui nécessite une assistance multiforme. La place d’un enfant est au sein de sa famille et à l’école et non pas dans la forêt derrière une kalachnikov.

Quelles sont les spécificités de « We are the world school » ? 

L’école suit le programme national. Nous essayons de faire de notre mieux pour accomplir ce programme tout en y insérant des cours d’anglais ainsi que l’apprentissage des technologie de l’information et de la communication car le monde actuel ne communique qu’en anglais et les nouvelles technologies sont incontournables. Les enfants encadrés au sein de notre école ont ainsi quelques notions de base en informatique bien que nous n’ayons pas encore assez de machines.

Ces enfants ont aussi accès à une grande aire récréative pour qu’ils puissent jouer. Nous souhaiterions construire une grande salle de jeux et de pratique où les enfants pourront exhiber leur créativité. Chez nous tous les enfants restent égaux.

Quel est l’actuel effectif de votre école ? Et vos perspectives d’avenir ?

Nous avons 198 élèves actuellement dont 105 filles. Nous encourageons beaucoup l’éducation des jeunes filles. « Éduquer une femme c’est éduquer toute une nation ! ». Et je suis ravie que les parents commencent à comprendre que les filles ne doivent pas rester ignorantes.

« We are the world school » n’est pas une école réservée aux handicapés. Nous acceptons tous les enfants sans discrimination aucune. Nous venons d’ouvrir la classe de sixième année primaire. 15 élèves vont participer au test national de fin d’études primaires pour cette année scolaire 2016-2017. Nous avançons progressivement et c’est cette première promotion qui ouvrira le cycle secondaire dans l’avenir. Mais l’idée c’est que « We are the world school » puisse s’étendre jusqu’à l’Université. Nous devons investir dans l’éducation de nos enfants. La RDC de demain a besoin d’experts qui trouveront des solutions aux problèmes liés à son développement. Je suis convaincue que des grands leaders sortiront de « We are the world school ».

 

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