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Coronavirus à Lubumbashi : « La faim nous a donné le goût du risque »

Jusqu’à ce jour, en RDC, plusieurs personnes ne croient toujours pas en ce qui est devenu une pandémie mondiale. Le coronavirus ! On croit au moins en la famine qui est notre pandémie nationale. Mourir de covid-19 fait encore moins peur que mourir de faim. Depuis le début de cette maladie, des Congolais bravent ainsi toute mesure publique au nom du pain quotidien.

Des risques démesurés, dirait-on. Mais peut-être pas assez, si on considère que survivre au virus ne prévient pas de la faim. C’est en substance cela l’argument de ceux que la faim a poussés dans la rue défier le virus. Et comme Congolais, j’en sais quelque chose. Mais ceci n’explique pas cela.

Des gros risques pour une grande cause

À Lubumbashi, le goût du risque s’est imposé à beaucoup des concitoyens comme Demuto, un père de famille. Ce conducteur de moto avoue que malgré le temps et les effets de la pandémie, il n’y croit toujours pas. Et donc, dans son quotidien, rien n’a changé mais c’est surtout parce qu’il a une famille à nourrir.

« Je reste septique jusqu’aujourd’hui. Car entre l’ampleur avec laquelle le coronavirus a été annoncé et ses prétendus dégâts, il y a incohérence. Nous continuons à vivre et le ciel n’est pas tombé », explique papa Demuto, tout fier, qui ajoute : « On nous a frustrés pour rien ».

A l’annonce du coronavirus dans les grandes villes de la RDC, l’incrédulité n’était pas prête à céder. La faim, disons la pauvreté, a entêté plusieurs citoyens notamment lorsque les autorités décidaient des confinements sans aucune assistance. Beaucoup ont dénoncé une manipulation mondiale orchestrée par Kinshasa au nom de l’argent.

Franck (nom d’emprunt), reconnaît toutefois qu’il y avait une prise inconsciente de risque. Mais, il croit que c’était le seul choix. Et pour lui, la faute revient à l’Etat congolais qui ne s’assume pas alors que les citoyens sont pauvres. En effet, une enquête nationale démontrent que le coronavirus a renforcé la pauvreté en RDC.

« Oui, on se met régulièrement en danger pendant cette pandémie, je sais. Mais c’est pour survivre que moi j’ai pris tout risque. Je suis fonctionnaire, mal payé et affamé. Et on veut que je reste à la maison ? C’est seulement avec l’armée ou la police que ça marchera », explique Franck.

La manipulation a joué son rôle

La misère a beau avoir poussé à sortir plus souvent la population affamée, je crois que la circulation des manipulations tant sur internet que dans la rue a accentué le doute et les suspicions. Mymy Mwang, vendeuse à la sauvette à Lubumbashi, confirme ma peur. Elle a été intoxiquée par des fausses informations ramenées des réseaux sociaux par sa fille. Et depuis lors, elle croit à la théorie du complot.

« Au premier confinement, explique-t-elle, j’avais pris les choses avec cœur. Puis un jour, ma fille m’a dit qu’elle avait lu sur internet que tout sur le coronavirus était faux. Elle avait des photos mais il parait qu’elles étaient fausses pour nous pousser à la peur ». Une manipulation dont beaucoup de personnes ont été victimes allant jusqu’à désobéir aux recommandations sanitaires.

En effet, sur internet, plusieurs manipulations ont circulé et continuent à détourner l’attention des vraies informations. Mais en plus, la population y croit suffisamment au point de se méfier des sources officielles et sanitaires. C’est aussi de la faute des gouvernants qui ne sont pas assez cohérents dans ce qu’ils disent et font.

 

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