Le transport des minerais par voie routière est fatal pour la SNCC

On se demande souvent pourquoi la SNCC (Société nationale des chemins de fer du Congo) est tombée. Je crois fermement que c’est à cause de la soudaine et forte apparition du transport des minerais par voie routière. Elle a donné un coup de grâce à cette société.

Pour certains Congolais, la descente aux enfers de la SNCC a commencé sous Mobutu. Pour d’autres, la débâcle a été provoquée par le clientélisme et le mauvais profil des dirigeants. On croit aussi que le ralentissement des activités de la Gécamines y a été pour beaucoup. Tout cela est vrai. Mais, cette société aurait pu encore s’en sortir si elle pouvait continuer à transporter les minerais destinés à l’exportation, par train comme avant.

Qui a mis à genoux la SNCC ?

Quand j’ai posé cette question, j’ai recueilli des réponses amusantes du genre : « Ce n’est pas moi » ou « Je ne sais pas. » Mais il y a eu aussi des réponses plus sérieuses où étaient citées nommément au moins trois personnalités politiques de notre pays, et dont je préfère taire les noms.

Ces fils du pays ont favorisé le transport des minerais par route au détriment de la SNCC qui en avait le monopole. Cela donnait à cette entreprise sans doute des moyens ne serait-ce que pour payer les salaires des fonctionnaires.

Peut-on mettre à genoux ce qui était déjà à genoux ?

On répond parfois à une question par une autre question. Cette forme de réponse m’a donné matière à réflexion dans le cas d’espèce. À partir de quand la SNCC a-t-elle commencé à sombrer ? Avant même l’instauration du transport des minerais par voie routière ? Il faudrait pouvoir remonter le cours du temps. Mais quand bien même cela aurait été le cas, ce ne pourrait nullement être une justification pour ce que je considère comme une concurrence déloyale.

La descente aux enfers a-t-elle commencé sous Mobutu ? C’est possible, voire probable. Mais est-ce une excuse pour ceux qui sont venus après Mobutu et qui ont enfoncé davantage l’entreprise dans sa descente aux enfers ? Il est vrai que les désignations des dirigeants de l’entreprise n’ont pas été conformes aux critères. Mais ce n’est pas cela, à mon avis, qui a donné le coup de grâce à la SNCC.

Le ralentissement des activités de la Gécamines

La Gécamines, la société publique de cuivre et de cobalt dans le Katanga, tombée au plus bas, parvenait quand-même à produire quelques tonnes de cuivre par an.  Et la SNCC, dont le sort était lié à celui de la Gécamines, parvenait vaille que vaille à faire rouler quelques locomotives.

Ainsi, à mon avis, ce n’est pas la baisse de production à la Gécamines qui a tué la SNCC.

D’aucuns considèrent que la ruée vers les fameuses mitrailles des années 90 et vers l’hétérogénite nécessitaient un moyen de transport plus rapide que le train. Il s’agit, en effet, de la vente par des tiers, des métaux de cuivre par des tiers. Mais cela n’avait rien à voir avec l’ampleur qu’a prise aujourd’hui le transport des minerais par route.

Or, c’est le transport des minerais qui était la vocation première et la raison d’être de la SNCC. C’était sa principale source de revenus, le transport des personnes et des marchandises n’était qu’accessoire. Il est indéniable qu’à un moment, la SNCC a commencé à ne voler que d’une aile.

Mais ce qui lui a donné le coup de grâce, c’est l’instauration du transport des minerais par route. Transport de surcroît confié cavalièrement à des compagnies étrangères. Avec la complicité de quelques dirigeants congolais affairistes. Et la bénédiction de l’État donc.