Alors que l’on s’attendait à des manifestations citoyennes pour marquer la fin du mandat présidentiel lundi 19 décembre, les miliciens Maï-maï ont pris le devant et ont mené une attaque contre les forces de l’ordre. Bilan : une dizaine de morts.
Ce lundi matin 19 décembre, je viens de finir ma revue matinale des réseaux sociaux. Je me convaincs que la journée sera peut-être normale. Il est 6 heures. Mais soudains des coups de feu retentissent ! J’ai pensé à un cambrioleur en fuite mais les rafales s’accélèrent. Alors je me suis souvenu des menaces proférées par les miliciens Maï-maï si Joseph Kabila ne quittait pas le pouvoir. Sur Facebook, ces miliciens avaient annoncé leur retour sur le mont Carmel dans la commune Bulengera quelques jours avant le 19 décembre, la date marquant la fin du mandat de Kabila.
Attaque prévisible
Des coups de balles me réveillent brusquement de ma torpeur. De ma chambre, j’entends l’hymne des tirs nourris. Malheur à ceux qui vont mourir. Mon quartier n’est pas si éloigné du mont Carmel, n’importe quand les combats peuvent atteindre nos maisons.
Je reste au lit près de deux heures supplémentaires. Et quand je me décide d’aller voir ce qui se passe et j’aperçois mes voisins. Mais personne ne va au-delà de sa parcelle. Encore une arme lourde se fait entendre. Sans crier, je rentre vite dans la maison. La trêve n’est pas encore au rendez-vous ! Souvent quand les Maï-maï attaquent, ça ne dure pas. Et c’est toujours une attaque-surprise, un combat éclair. Mais je dois sortir.
Une ville déserte
Une fois dehors, j’obtiens rapidement des informations. L’attaque a eu lieu simultanément contre la prison centrale de Kakwangura, l’État-major de la police locale et la base de la Monusco. C’est au centre-ville de Butembo dans commune de Vulamba. Sur place mon premier constat : les rues sont désertes. Pas de taxi moto en circulation. J’avance à pied, prenant soin de ne rien perdre de vue.
Je hèle une moto. C’est un taximan sans gilet. Quand je lui demande de m’amener à la mairie, je vois son visage rougir. « Unapenda nikufe ? (Tu veux que je meure ?) », lâche-t-il. Il refuse de prendre le risque. Après plusieurs discussions, il accepte enfin de me transporter vers ma destination.
En cours de route, j’entends encore des tirs sporadiques en montant la rue « Jérôme Masumbuko » qui mène droit à la mairie. J’aperçois beaucoup de témoins des combats en fuite. Vers la place du tribunal de grande instance, le soleil se reflète dans une mare de sang. Je comprends vite l’horreur de la situation.
Un policier tué et des combats avec la Monusco
Me voici à présent à l’Hôtel de ville. Mais les portes sont fermées et un silence de mort y règne. Derrière le bâtiment, l’État-major de la police. « Je suis journaliste et je viens chercher l’information », dis-je calmement. « Va poser tes questions à ce monsieur », me répond un policier, pointant du doigt le cadavre d’un présumé milicien Maï-maï exposé dans la cour.
Refusant d’engager dans un dialogue de sourds, je me dirige à la prison centrale, à une centaine de mètres de la mairie. Courtois, un policier me dit que son collègue qui montait la garde a trouvé la mort pendant l’attaque. Sur le chemin du retour, j’apprends que des casques bleus de la Monusco ont été touchés aussi. La situation demeure confuse à Butembo. A quand la paix ?
La paix, nous la voulons à tout prix. À mon humble avis, ces attaques ne nous ont pas aidé. Il y a lieu de se demander au juste, quel était l’objectif principal des MM.