Faute d’argent, des Lushois (habitants de Lubumbashi) préfèrent se faire soigner à la pharmacie car l’hôpital coûte cher. Cette situation est due à la baisse des revenus des ménages, conséquence d’une crise sociale qui va croissant.
Depuis plusieurs années, de nombreux habitants de Lubumbashi vivent en dessous du seuil de pauvreté fixé par l’ONU, soit avec moins d’un dollar par jour. S’offrir des soins de qualité est un véritable luxe.
Dans la riche province minière du Haut-Katanga, cette crise se traduit dans certains cas par la réduction des effectifs des employés dans les entreprises. Les gens vivent donc de la débrouillardise ou des combines.
Pas assez d’argent pour aller à l’hôpital
Dans mon quartier, j’ai été stupéfait de voir un homme se faire perfuser dans une pharmacie. La pratique ne date pas d’hier et est même courante dans plusieurs quartiers pauvres de Lubumbashi. Nos pharmacies ne se limitent plus à vendre les médicaments, elles sont devenues des lieux où l’on soigne les malades à moindre coût. Infirmiers et médecins sans emploi s’adonnent à cette pratique.
« Je n’ai pas assez d’argent pour aller à l’hôpital. Je préfère venir ici me faire soigner », confie un quadragénaire sous perfusion dans une pharmacie. Le patient perfusé explique : « J’ai perdu mon abonnement à l’hôpital après la fermeture de notre entreprise. C’était après la chute des prix de cuivre en 2015 ».
Ancien agent de la compagnie minière KCC basée à Kolwezi, ce père de trois enfants et sa famille, avaient toujours bénéficié des soins gratuits et de qualité. Hélas, tout cela est fini depuis qu’il a été mis en congé technique.
On dépense moins qu’à l’hôpital
A la pharmacie, on guérit en dépensant moins qu’à l’hôpital », raconte un autre patient. A l’hôpital, les patients ne sont traités qu’après avoir payé, ce qui est très éprouvant pour les petites bourses. Avec les soigneurs des pharmacies, des gens connus, cela se négocie, et les soins se font parfois à crédits. La situation économique asphyxiante dans laquelle est plongé notre pays facilite bien des dérives de ce genre. Une pharmacie n’a pas vocation à soigner les malades, sinon à quoi sert l’hôpital ? La pharmacie ne devrait pas non plus vendre des médicaments sans ordonnance médicale. La plupart de ces soigneurs improvisés ne sont reconnus ni par l’État ni par l’ordre des infirmiers ou des médecins. En cas de mort ou de complications, les patients se retrouvent sans moyens de défense.