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L’Afrique peut-elle résoudre ses propres crises sans l’aide extérieure ?

Alors que le président Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame se sont rencontrés à Doha, au Qatar, pour évoquer la paix dans la région des Grands Lacs, un constat s’impose : la médiation africaine est marginalisée. Pendant que les négociations directes entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23 se déroulent également à Doha, de leur côté les États-Unis ont réuni les ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la RDC pour signer une déclaration de principes censée déboucher sur un accord de paix.

L’Union africaine, théoriquement garante des aspirations panafricaines, reste spectatrice, incapable d’imposer une médiation crédible. Les institutions sous-régionales, comme l’EAC ou la SADC, ont tenté d’intervenir, mais sans réel succès ni autorité.

Le déclin du panafricanisme : réalités et responsabilités

L’Afrique est-elle encore capable de régler ses propres conflits sans l’intervention de puissances étrangères, notamment du Qatar, de la Russie ou des États-Unis ? La question mérite d’être posée, tant la situation actuelle semble illustrer un abandon progressif du rêve panafricain.

L’une des raisons majeures de cet échec est la perte de crédibilité des institutions africaines, gangrenées par les intérêts nationaux, les rivalités internes, et parfois l’absence de volonté politique réelle. Le manque de ressources, tant humaines que financières, affaiblit également leur capacité à s’imposer face à des acteurs extérieurs mieux organisés et mieux financés.

La méfiance interne, un frein supplémentaire

Même à l’intérieur des pays concernés, les initiatives nationales suscitent la méfiance. En RDC par exemple, l’initiative de médiation de la Cenco-ECC est perçue par le gouvernement comme favorable à l’opposition, décrédibilisant ainsi une possible solution interne. Résultat : on préfère se tourner vers l’extérieur pour trouver des médiateurs « neutres », au risque d’aliéner davantage la souveraineté africaine.

Le panafricanisme se voulait un projet d’unité, de solidarité et de responsabilité. Aujourd’hui, il apparaît plus que jamais menacé. Tant que les Africains ne restaureront pas la confiance entre eux-mêmes et ne renforceront pas leurs institutions communes, ils resteront dépendants des solutions imposées de l’extérieur. Doha n’est peut-être qu’un symbole, mais un symbole lourd de conséquences pour l’avenir du continent.

 

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