Mythes et discriminations envers les albinos
La vingtaine, Alain Samwanda, mieux connu sous le nom de scène de « Brandom Samwanda » est né dans une famille où la moitié des enfants sont albinos. Très tôt, ses parents lui disent que l’albinisme n’est pas une malédiction ou un phénomène mystique comme l’affirment certains dans son entourage. L’albinisme est une maladie.
« J’étais un des rares albinos à fréquenter l’école à cette époque dans la commune de Beni. Je me souviens que plusieurs parents sont venus demander aux enseignants de changer de classe leurs enfants car j’étais albinos », se rappelle Alain.
Ya-t-il un espoir?
Grâce au travail des médecins, des medias et des ONG, de plus en plus de gens ont accès à des informations sur l’albinisme. Ils expliquent ainsi aux parents que l’albinisme est une maladie génétique caractérisée par une dépigmentation de la peau et non un phénomène diabolique comme veut le faire croire la tradition locale. « C’est lorsque mes parents ont mis au monde d’autres enfants avec une coloration normale de la peau, puis plus tard d’autres enfants albinos, qu’ils ont été convaincus de ce que disait le médecin. Dès lors, nos proches ont changé d’attitude à notre égard.»
Dyna n’est pas albinos, il est le frère ainé d’Alain. Selon lui de nombreuses familles ont soutenu ses parents dans leur lutte pour le droit à la dignité des albinos.
Selon les croyances locales, les albinos ne meurent pas mais disparaitraient dans la nature. Mais la mort d’albinos dans la région a réfuté cette théorie. « Après la mort d’un albinos dans notre quartier, et d’une de mes sœurs, les gens se sont rapprochés de moi » explique-t-il. Aujourd’hui, Alain est fier des avancées enregistrées dans la reconnaissance des albinos et dans leur droit à la dignité.
La lutte continue
Alain n’a jamais pu finir ses études à cause de ses problèmes de vue, une maladie courante pour les personnes atteintes d’albinisme. Il décide donc de se tourner vers une carrière musicale. Artiste aux multiples talents, il se fait remarquer alors qu’il joue dans un orchestre de son quartier. Son aptitude à interpréter les titres d’artistes réputés, tels que Madilu Système, Papa Wemba ou Koffi Olomidé, impressionne.
En 2008, Alain Samwanda quitte Beni pour s’installer à Kasindi, près de la frontière de l’Ouganda. Il crée son orchestre et très vite il trouve un sponsor qui l’amène à Kampala. Il profite de son séjour dans la capitale ougandaise pour s’imprégner de la situation des albinos. « En Ouganda, l’Etat intervient dans la lutte contre la discrimination envers les albinos en finançant des projets économiques et sociaux pour qu’ils puissent s’épanouir. Ce n’est malheureusement pas le cas ici », regrette Alain. Revenu en RDC depuis 2012, il a lancé la campagne ‘’Nao ni Watu’’, « ils sont aussi humains », afin de sensibiliser la population pour qu’elle respecte la dignité des albinos.
« Je demande à mes frères et sœurs albinos de garder espoir. Un jour, notre situation s’améliorera. La population et le gouvernement doivent nous accompagner dans notre émancipation. Les parents d’albinos doivent aussi nous soutenir dans notre combat. Car un enfant albinos peut naître dans n’importe quelle famille. Nous avons le devoir d’éclairer notre société sur cette pathologie » conclut alain la tête haute.
Arrêtons cette discrimination et engageons-nous à soutenir et appuyer les albinos du mieux que nous pouvons afin qu’ils se sentent intégrés.