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#DroitYaMuasi : Alexandra Mbaye, une ingénieure spécialiste en innovation

Son nom est Alexandra Mbaye, mais sur les réseaux sociaux, on la connaît sous le pseudonyme de Mwena Mpiana. Née à Kinshasa, mère de trois enfants, Alexandra vit en Europe depuis 1990. Mais elle reste attachée à ses origines congolaises.

Alexandra est une défenseuse acharnée de l’autonomie des familles. Nous l’avons interwiewée par rapport à son combat contre la crise alimentaire.

Habari RDC : Alexandra, pouvez-vous nous présenter ce que vous faites en Europe ?

Alexandra Mbaye : Je suis détentrice d’un doctorat en génie électrique et j’ai travaillé dans le secteur de l’automobile. Ensuite, j’ai créé deux entreprises et cela m’a permis d’acquérir une bonne expérience pour devenir conseillère en innovation auprès des startups. Maintenant, je mets mes compétences au service des familles rurales congolaises. C’est pour cela que j’ai lancé le programme technique Mayele ya motema expressément pour elles. C’est un programme qui vise à améliorer les conditions de vie des familles rurales par l’autonomie technique et économique.

Vous êtes spécialiste en innovation. Vous donnez quel genre de formations ? Est-ce que la femme congolaise en bénéficie ?

Dans le cadre du programme Mayele ya motema, je propose des formations aux techniques innovantes. La première session est une formation à la permaculture qui est une méthode de culture de jardin potager qui permet de faire son engrais, ses pesticides et ses graines soi-même et de cultiver avec peu d’arrosage et de travail. Une fois que le jardin est lancé, il ne coûte plus rien et ne fait que rapporter gratuitement des fruits et des légumes.

La formation est adressée à toute la famille, et même aux enfants, pour que tout le monde apprenne en même temps. La famille reçoit un téléphone pour écouter les cours qui seront à terme en langues nationales. Une fois les cours assimilés, la famille reçoit des outils et des semences pour faire son jardin. D’autres formations sont prévues comme la potabilisation de l’eau, la production d’énergie. Le programme est financé par un membre de famille de la diaspora congolaise. Il gère tout à distance à partir du site Internet mayeleyamotema.org.

Il faut bien prendre conscience que pour produire et pour améliorer son environnement, on n’a pas besoin d’apprendre le français ni les mathématiques. Il faut des connaissances techniques et scientifiques qui sont à la portée de tous. Apprendre à cultiver la terre, tisser les tissus, forger le fer, c’est de cela dont les Congolais, hommes comme femmes, ont le plus besoin pour améliorer directement leur vie sans attendre l’aide extérieure.

Vous avez créé une page Facebook 3 tonnes de nourriture dans ton jardin, quel objectif poursuivez-vous avec ça ?

3 tonnes de nourriture c’est un groupe de discussion sur Facebook ouvert à tous. On y décortique au quotidien la problématique d’autonomie des familles. Avec le modèle occidental, on est devenu des consommateurs et on cherche seulement à travailler pour gagner de l’argent et acheter des produits. Or, on a une capacité de produire qu’on a oubliée, celle qui fait qu’on peut travailler pour soi ou pour sa communauté proche. C’est le cas pour la nourriture, on est capable de se nourrir seul, et en RDC où on récolte toute l’année, la famine est inadmissible.

Le problème c’est qu’aujourd’hui on propose des tracteurs pour faire du business alors que les populations ont besoin en urgence de semences et de houes. Les discussions, les découvertes de 3 tonnes inspirent les membres pour leur compte personnel ou dans le cadre de leur profession comme agent de l’État ou d’ONG. Elles nourrissent aussi le contenu du programme Mayele ya motema. Nous ciblons les zones rurales parce que c’est là où on peut plus facilement vivre bien, même avec très peu de moyens.

En ce mois de la femme, quel message avez-vous pour la femme congolaise ?

En premier, c’est bien sûr lui dire merci pour les efforts consentis et les résultats… Les femmes congolaises n’ont pas baissé les bras. Elles ont résisté contre le démantèlement programmé des structures africaines. Si la RDC existe encore sur la carte, c’est grâce à vous, femmes. Le monde a besoin de vous.

 

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