Généralement, les femmes se coiffent entre elles, ou se font coiffer par les hommes. Mais ici, il s’agit d’une femme qui coiffe les hommes à Mbujimayi. Nana Nakanji m’a impressionné par ce qu’elle fait. Elle s’est distinguée dans un domaine supposé réservé aux hommes.
Nana Nakanji n’a que 19 ans. Elle tient un salon de coiffure mixte en plein cœur de la ville de Mbujimayi. Toute petite, elle n’a pas tardé à découvrir ses aptitudes de coiffeuse. Elle commence à s’exercer sur les têtes de ses jeunes frères. Contrairement à certains parents, les siens l’y encouragent au vu du talent qu’elle présente. Après ses études secondaires à l’Institut Mpokolo à Mbujimayi, Nana Nakanji suit une formation accélérée en coiffure et modélisme à Kisantu. Et c’est le déclic d’une carrière !
La jeune coiffeuse d’hommes affirme exercer son métier sans aucun complexe. Elle en parle : « Je me sens très à l’aise dans mon travail. Beaucoup de clients apprécient bien ce que je fais. La quasi-totalité d’hommes qui entrent dans mon salon préfèrent que ça soit moi qui leur arrange les cheveux. J’en suis fière ! »
À Mbujimayi, les traditions ont établi qu’il y a des travaux pour hommes et d’autres pour femmes. Née dans cette ville, la jeune coiffeuse ne partage pas cette opinion. « Cette manière de voir les choses est déjà dépassée. Aujourd’hui, on a des femmes ministres, gouverneurs des provinces… Pourquoi pas aussi des femmes coiffeuses d’hommes ? », martèle-t-elle.
À Mbujimayi, les salons de coiffure sont difficiles à tenir en raison du manque d’électricité en permanence. Mais Nana n’entend pas baisser les bras. Elle affirme plutôt que les difficultés sont inhérentes à toute activité humaine. Pour elle, le plus important est « de savoir transformer ces obstacles en opportunités ».
Devenir une grande entrepreneure du secteur
Toutes les filles du Kasaï ne rêvent pas que du mariage comme les préjugés le laissent penser. Il y en a qui nourrissent de grandes ambitions. Nana Nakanji est célibataire. Elle se bat pour avoir un grand salon de coiffure qui puisse avoir le monopole dans ce secteur. Elle rêve d’être une grande cheffe d’entreprise. « Je sais que je vais y arriver un jour. Grâce à ce que je gagne, j’ai créé deux autres salons. C’est un bon départ », espère-t-elle avec détermination. Et c’est possible, car il n’y a pas encore un réel investissement dans ce secteur à Mbujimayi.
Nana envisage de créer également un centre de formation pour apprendre la coiffure et le modélisme aux jeunes filles.
8 mars, cri de cœur de Nana Nakanji
« A l’occasion de la journée internationale de la femme, mon vœu le plus ardent est que toutes les filles et les femmes aient une activité qui génère de l’argent et qui puisse non seulement les occuper mais aussi les rendre autonomes financièrement. Ce n’est pas bien que la fille attende tout des parents ni la femme de son mari », insiste Nana Nakanji.
Inspiré par ce parcours très parleur et qui casse beaucoup de stéréotypes. Force à elle…
Bien vraiment
Bien vraiment
C’est du beau
Merci