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Axe Goma-Rutshuru : l’incapacité de l’État à protéger les voyageurs

La ville de Goma se nourrit essentiellement des produits vivriers provenant des territoires de Masisi, Beni et surtout Rutshuru. Mais ces cinq dernières années, l’insécurité s’est accentuée dans le Rutshuru. On enregistre des cas de  kidnapping et de rançonnement des usagers des routes.

Plusieurs commerçants ont vu leurs affaires s’effondrer en raison de la criminalité sur les routes du Nord-Kivu. C’est le cas de Colette Muhima, une vendeuse du marché Mosquée Birere. Voici son témoignage : « J’avais un capital de 400 000 FC. Cela me permettait de mener tant bien que mal mon activité commerciale de vente de poissons fumés et grillés. J’allais acheter ces poissons à Nyakakoma pour venir les vendre à Goma. Mais j’ai été dévalisée par des bandits armés, mon capital a baissé de 400 000 à 80 000 FC. Je ne te dis pas les souffrances que j’endure pour tenir. »

Colette n’est pas la seule à être victime de ces actes criminels. Beaucoup d’autres commerçants sont dans la même situation. Ce qui a appauvri des  centaines de ménages.

Mugisho est aussi l’un de ceux qui ravitaillent Goma en produits halieutiques. Il été lui aussi victime d’un braquage, il y a quelques mois. « Je me rendais à Nyakakoma quand brusquement notre véhicule s’est arrêté. Ce n’était pas une panne, mais plutôt des bandits à mains armés qui ont surgi de la forêt et ont ordonné à notre chauffeur d’arrêter le camion. Deux d’entre eux habillés en civils, les doigts sur la gâchette, nous ont intimé l’ordre de descendre du véhicule. Tout le monde a obtempéré et les bandits sont venus vider toutes nos poches », se souvient Mugisho.

Nyakakoma est une localité du territoire de Rutshuru en plein parc des Virunga et au bord du lac Albert, l’une de trois grandes pêcheries de la province. Le commerçant Mugisho affirme avoir été dépouillé de son capital de 1 500 $ qui lui permettait de travailler. Depuis, il n’a plus de fonds pour continuer son commerce.

Plusieurs villages du Rutshuru sont des zones interdites

Voici presque quatre ans que le phénomène des coupeurs de route et de braquages de véhicules a pris de l’ampleur au Nord-Kivu. Le plus fréquemment, ces braquages se passent sur les axes Goma–Rutshuru-centre, Vitshumbi et Nyakakoma–Ishasha,  Nyamilima et Kibirizi… Bref, d’importants sites qui approvisionnent Goma en produits vivriers de tout genre.

L’administrateur du territoire de Rutshuru Justin Mukanya reconnaît le déficit sécuritaire dans cette partie du Nord-Kivu : « Nous sommes conscients de l’ampleur du problème. Les autorités tant provinciales que territoriales sont en train de tout mettre en œuvre pour juguler ce phénomène d’insécurité qui appauvrit les enfants du pays. » Et d’ajouter : « A ce jour, plus d’une centaine de personnes ont été kidnappées et d’autres tuées sur différents axes routiers dans ce territoire devenu une zone de non droit. »

L’autorité de l’Etat est quasi inexistante sur l’axe Goma-Rutshuru. Des villages entiers restent sous le joug des groupes armés Maï-Maï et FDLR qui y font régner la terreur. Selon beaucoup d’analystes de la région, pour mettre fin au calvaire de ces commerçants et de la population en général, il faut que l’Etat s’implique totalement dans la création d’emplois pour occuper les jeunes chômeurs qui se font enrôler dans les groupes armés.

La population a également besoin d’infrastructures de base. Mais on ne cessera de le répéter, la restauration de l’autorité de l’Etat demeure la solution suprême à cette épineuse difficulté.

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