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« Bundere » : ces listes qui dévoilent les gigolos, les homo et les maitresses de Bukavu

Si les Congolais de différentes villes de la RDC ont été choqués par la coupure d’Internet, ceux de Bukavu doivent être parmi les moins en colères. La simple raison est que depuis la fin de la semaine passée, des listes circulent sur les réseaux sociaux : listes des homosexuels, des professionnelles du sexe, des gigolos, des maitrises et leurs amants… Sur ces listes, on y trouve même l’ancien gouverneur du Sud-Kivu, ou encore plusieurs députés.

La coupure a réduit l’hémorragie. Les « Bundere » comme on les appelle localement, sont le centre de toutes les conversations dans la ville de Bukavu depuis une semaine ! Il y aurait près de 20 listes en tout, et une est celle des personnes dont on détiendrait des photos et vidéos compromettantes !

C’est dimanche, et après un repas au restaurant que ma copine me dit : « Chéri as-tu eu vent de la vague qui secoue la ville de Bukavu pour le moment ? » Je lui dis que non, et elle m’explique : « Depuis deux jours des listes de noms de personnes écrites en kiswahili avec assez de détails pour les identifier circulent, on y dévoile des cocus, des concubins, des pédérastes, des lesbiennes etc. Une vraie liste de la honte ! » Comme tout homme congolais et un peu macho, je me dis intérieurement : « Hum, surement une autre affaire de fille et de commérage », on zappe le sujet.

Lundi, il est midi et j’ai faim. Je décide d’aller manger avec des amis travaillant pour les Nations-Unies. Quand j’entame mon foufou, celui qui est assis en face de moi balance : « Hey, on vient de publier la seizième liste, celles des agents de la Monusco cette fois ! » Et là c’est reparti de plus belle. « Sais-tu que tel aussi y est ? Ce grand commerçant de Kadutu. Quelle honte ». Quelqu’un à gauche lance : « Il y a ce garçon X de Nguba, depuis des mois on le soupçonnait de sortir avec l’épouse de Y, elle a dix ans de plus que lui, cette liste a dévoilé leur relation ! »

A quand mon tour ?

Ça a continué de papoter pendant tout le repas. Puis dans la boutique pour acheter du crédit de téléphone, je retrouve la même conversation, les Bundere. Je prends deux personnes en stop, et elles aussi me parlent des Bundere. C’était donc Bundere par-ci, Bundere par-là, partout dans la ville de Bukavu. Des rumeurs dans la ville disent qu’au moins cinq foyers sont déjà détruits suite à la publication de ces listes. Une liste avec des images compromettantes de certaines personnes a même était publiée.

Le système des Bundere est devenu tellement nuisible que l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) a dû publier des messages sur les chaînes de radio et de télévision pour demander à la population de ne pas croire ces listes et la police de lancer une enquête pour savoir d’où elles sont produites ! C’est un nouveau fait de société dans la ville de Bukavu. Même la diaspora des jeunes de Bukavu ne cesse d’envoyer des messages : « Bukavu, nous n’étions pas ainsi avant. Avant nous respections les aînés. »

Pour moi, je suis content de ne pas y voir mon nom encore y figurer, mais qui sait ? Peut-être sera-ce mon tour bientôt ?

 


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