Vous avez sûrement déjà vécu cette scène où, en plein match des Léopards, juste au moment où le 11 national menace l’équipe adverse et on espère un but, l’électricité est coupée. La CAN (Coupe d’Afrique des nations) 2019 s’annonce pour bientôt, en juin. Malheureusement, ces habitudes pourraient encore reprendre. Il est donc temps qu’on en parle.
Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que ces coupures ne sont pas du tout la conséquence de pannes anodines. Elles sont parfois arrangées entre les tenanciers des bars, terrasse et des travailleurs journaliers de la SNEL, la société d’électricité de la RDC, en charge des cabines électriques.
Je dois avouer qu’il y a toujours une ambiance bonne amie à suivre un match de foot dans un lieu public comme les bars et les terrasses. Les clashs, les chants, les moqueries… C’est d’ailleurs là que je me suis retrouvé entrain de danser « Fimbu, Fimbu… chicotte » après la qualification des Léopards à la CAN il y a quelques jours. Le temps que je me rende compte et de me ressaisir, le corps était déjà emporté par la foule. D’autres jeunes à côté de moi étaient tous torses nus. Mais aller jusqu’à interrompre pareille communion, parce qu’on recherche de l’argent à tout prix, c’est ce qui dérange.
Les délestages s’achètent durant les matchs de football
Il existe un système fréquent de coupures d’électricité par quartiers ou rues qu’on appelle délestage. C’est pour préserver nos cabines électriques déjà amorties et surchargées. Malheureusement, dans mon quartier, dans la commune de Lemba, des personnes qui ne veulent pas être privées d’électricité achètent ces délestages. Tout est réglé avec quelques francs congolais remis à l’agent de la SNEL responsable de la cabine. 24 heures sur 24, chez elles il ne manque jamais de courant, même lorsque c’est le tour de la rue de manquer d’électricité.
Si donc la raison de ces coupures c’est préserver des surcharges les cabines basse tension, pourquoi alors ce marchandage?
« Kata-Kata », couper le courant pour se faire de l’argent
Aussi, j’ai été surpris de remarquer que les plus grandes rencontres de football je ne pouvais les suivre chez moi. Car il n’y avait curieusement pas de courant aux heures des grands matchs de football. Pendant ce temps, tous les amoureux de foot du quartier se retrouvent « Chez le baron », dans les différentes terrasses pour regarder les matchs. A l’occasion, le gérant de la terrasse espère vendre plus de boissons, ce qui permet aux fans de foot de rester dans le lieu. Parfois, il faut louer son siège.
C’est comme ça que certains barmans vont jusqu’à acheter des coupures d’électricité auprès des agents de la SNEL en vue d’augmenter leurs recettes.
Il est grand temps que la SNEL prenne ses précautions pour tirer les oreilles à ses agents. S’il n’est pas mal de suivre le match dans un lieu public, il n’en demeure moins que cela doit rester un choix, pas une contrainte sur fond de corruption.