Malgré leur farouche opposition à Félix Tshisekedi et à son régime, Martin Fayulu et Adolphe Muzito sont d’abord opposés et très divisés entre eux-mêmes. La rupture semble même consommée entre les deux hommes. Dernier acte en date, le camp de Muzito accuse Fayulu de rébellion pour avoir confié la présidence tournante de Lamuka à Mathieu Kalele « en violation de la charte » de cette plateforme.
Au vu de la gravité des dissensions actuelles au sein de Lamuka (ou de ce qu’il en reste), il y a lieu de s’interroger sur l’avenir de cette plateforme. La pomme de discorde aujourd’hui c’est la « désignation » par Martin Fayulu de Mathieu Kalele en qualité de nouveau coordonnateur de Lamuka, alors que selon la convention de cette plateforme, le poste devait revenir à Adolphe Muzito. Du moins c’est l’interprétation qu’en fait le camp de l’ancien Premier ministre.
Dimanche 9 avril 2023, le parti Nouvel Élan d’Adolphe Muzito a publié un communiqué de presse dans lequel il dit prendre « acte de la rébellion » de Martin Fayulu. Et d’annoncer : « Nouvel Élan organise le mardi 11 avril 2023, jour prévu pour la
passation du pouvoir, une cérémonie du constat de l’auto exclusion de Lamuka de monsieur Martin Fayulu et de son parti Ecidé, pour assurer la reprise de la coordination de Lamuka. »
Fayulu et Muzito se renvoient dos à dos
En effet, le camp de l’ancien Premier ministre Muzito dénonce ce qu’il qualifie de violations de la charte de Lamuka par Martin Fayulu et son parti Ecidé. A son tour, Fayulu riposte en disant que Muzito avait déjà quitté de lui-même la coalition. Quoi qu’il arrive, de tels désaccords et querelles intestines dans Lamuka n’augurent rien de bon pour la suite. Les deux protagonistes devraient savoir que la force de l’opposition réside aussi dans son unité. Hélas en RDC, s’unir et parler le même langage c’est souvent le chaînon manquant dans l’opposition congolaise.
De mon point de vue, il n’y a rien de surprenant dans ce qui arrive à Lamuka. C’était presque prévisible. Sauf que c’est assez inquiétant pour l’opposition à l’approche des élections. En effet, depuis 2019, la plateforme Lamuka n’a cessé de se fragiliser par ses divergences internes et en perdant certains de ses cadres emblématiques. Parmi ces derniers, les uns ont choisi d’évoluer en solo, les autres ont rallié l’Union sacrée du président Félix Tshisekedi.