Quand ils refusent d’affronter une réalité, les moins imaginatifs ferment les yeux, pour se convaincre eux-mêmes que le problème disparaîtra tout seul. Les plus inventifs créent un trompe-l’œil susceptible de persuader les observateurs qu’il était impossible de solder la situation. Le régime de République démocratique du Congo aura-t-il ce talent ? Pour l’heure, il semble réussir à noyer le poisson…
Il y a quelques jours, les données qui justifient la crispation politique actuelle semblaient pourtant limpides, au moment où Joseph Kabila rencontrait une délégation du Conseil de Sécurité des Nations Unies. « Oui », son mandat présidentiel s’achève dans un peu plus d’un mois. « Non », il n’a pas exprimé formellement l’envie de modifier la Constitution. Et la majorité d’affirmer qu’il faut repousser la présidentielle pour une autre raison que des ambitions personnelles : pour que « le sang ne coule pas ». Soit, mais l’éventualité que le sang coule n’est elle pas justement née de la torsion subie par le processus démocratique ?
Pendant que les rhéteurs glosent, le régime crée des événements. Même si l’accord issu du dialogue politique, entre la majorité et une frange minoritaire de l’opposition, est dénoncé, par certains, comme une coquille vide, il continue de se déployer à son rythme de sénateur, l’objectif étant de combler et de justifier la longue période qui sépare désormais la RDC de 2016 de l’élection présidentielle de 2018. Lundi, Joseph Kabila annonçait pêle-mêle la mise en œuvre de l’accord politique, la nomination d’un nouveau Premier ministre, la formation d’un gouvernement de transition et une intervention présidentielle devant la nation, au congrès, conformément à la Constitution de la République. Pour mieux faire oublier que certains articles de la loi fondamentale vous chiffonnent, rien de tel que d’en activer d’autres …
Comment faire du surplace jusqu’à fin avril 2018, mais sans afficher d’immobilisme ?