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Le commerce de la popularité en politique congolaise, une pratique d’un autre âge

En RDC, le rapport de forces dans l’arène politique se mesure en termes de combien de gens vous suivent. Peu importe votre niveau intellectuel et la pertinence de vos idéaux politiques, si les foules ne suivent pas, vous êtes considéré comme un poids mouche en politique. Du coup, certains n’hésitent pas à payer les gens pour remplir leurs meetings et donner l’impression d’être populaires. 

Réussir en politique chez nous c’est être en mesure de drainer des foules. Lorsqu’il y a une activité politique (meetings, marches ou accueil de personnalités) les gens veulent savoir le nombre de personnes qui ont pris part. On s’intéresse très peu au fond de la communication délivrée. 

Il y a même des expressions pour illustrer l’échec ou la réussite en matière de bains de foules. C’est par exemple : « Abeti piaka », pour dire qu’un politicien n’a pas réussi à drainer du monde. « Alie bango » ou « bebo na bebo » pour exprimer le triomphe en termes de nombre de personnes mobilisées.

Tous les moyens sont bons pour attirer du monde 

Les acteurs politiques congolais sont prêts à tout pour drainer des foules à chaque toute occasion qui se présente. Qu’il s’agisse des tournées politiques, des marches, des meetings, ou d’accueil des leaders, la mobilisation se fait généralement à coup de billets verts. 

Certains leaders jouent sur la corde ethnique ou tribale pour mobiliser dans leurs régions d’origine. Mais cette stratégie s’avère moins efficace que l’achat direct des participants.  

Le prix par tête varie entre 5.000 et 10.000 francs congolais (2.5 et 5$) selon la catégorie des personnes et la ville. A Kisangani par exemple, en plus des staffs des jeunes et des groupes folkloriques et sportifs, c’est souvent les taxi-motards qui sont sollicités. Parfois même des étudiants.

Les mobilisateurs dressent des listes, et procèdent au paiement à la fin de l’activité. Dernièrement, une bagarre a éclaté dans un hôtel de Kisangani après le meeting d’un politicien. Pomme de discorde : la différence entre le montant convenu (10.000 francs par individu) et le montant payé (8.000 francs).    

Je pense que cette pratique utilisée par nos politiciens, est une atteinte à la dignité humaine.  Elle tend à chosifier l’être humain, le réduisant à une marchandise destinée à se faire une santé politique lorsque l’on est en mal de positionnement. 

Ainsi, j’invite les politiciens à faire autrement leur mobilisation. Ce serait mieux que les gens vous suivent par conviction plutôt que d’acheter à vile prix leur dignité pour donner l’impression  d’avoir une popularité que vous n’avez pas.

 

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