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Les conditions sont-elles réunies pour les élections ?

La classe politique congolaise dans son ensemble ne jure aujourd’hui que par la tenue des élections fin 2017. Pourtant, elle se préoccupe moins des conditions dans lesquelles ces élections pourront être organisées.

« Qui veut aller loin ménage sa monture », dit-on. Il ne suffit pas de réclamer les élections et de les organiser. Il faut sassurer qu’elles se dérouleront dans de bonnes conditions et que les préalables soient respectés. Sinon, nous aurons bien des élections, mais le problème de légitimité des dirigeants restera entier. Voici donc quelques-uns de ces préalables :

Projets de société

Dans les pays sérieux, on ne vote pas pour un individu, on vote plutôt pour des bons projets de société. En RDC, c’est différent : le pays compte aujourd’hui près de 500 partis politiques qui réclament les élections, mais jusqu’à présent aucun ne présente un projet de société crédible.

La majorité présidentielle lutte pour conserver le pouvoir par tous les moyens. L’opposition n’a d’autre principe que le « ôte-toi de là que je my mette ». Voilà pourquoi au moment des élections, les Congolais votent pour des personnalités issues de leur tribu, qui parlent la même langue ou encore parce quils ont reçu de largent ou des t-shirts.

Période de campagne électorale

Au Congo, les élections sont biaisées dès la période de campagne électorale. Le pouvoir en place a toujours fait campagne avec les moyens de l’État, tandis que l’opposition est obligée de se débrouiller avec ses petits moyens du bord. Cette situation risque de se répéter aux prochaines élections. En plus, l’accès aux médias publics n’est pas équitable pendant la campagne. La radio et la télévision nationales font figure de propriétés privées du régime, alors qu’elles sont financées par l’argent du contribuable congolais. Voilà pourquoi, il faut dès maintenant penser à rendre équitable l’accès aux médias publics pour tous les candidats. Les résultats des élections en dépendent aussi.

Prévenir les fraudes électorales

Une chose est daller aux élections, une autre est que les futurs dirigeants du Congo soient ceux que les urnes auront désignés. Or, les mêmes ingrédients ayant conduit aux fraudes massives des élections de 2011 sont toujours en place en 2017. Un arsenal de fraude visant à perpétuer un régime qui règne par défi.

La Commission électorale nationale indépendante conserve toujours sa configuration contestée, celle qui en 2011, lui a fait jouer un rôle de plaque tournante de toutes les fraudes électorales. La Cour constitutionnelle a déjà montré ses couleurs en validant des schémas anti-constitutionnels tels que le maintien au pouvoir de Kabila au-delà de son deuxième et dernier mandat.  

Situation sécuritaire nationale

La sécurité des élections est un problème qui risque de se poser avec acuité. Si la situation sécuritaire daujourdhui reste la même jusqu’aux élections, il y a fort à craindre que des populations comme celles du grand Kasaï ne puissent pas exercer leur droit de vote dans une région où les miliciens Kamwina Nsapu font la loi. Même chose pour lest du pays. On risque de connaître des situations où les centres de vote sont pris en otage ou encore les urnes enlevées sur les routes forestières vers des destinations inconnues.

Coupures dInternet  

Au Congo, lInternet est un véritable instrument de manipulation électorale. Kinshasa est habitué à couper lInternet aux moments des élections où des événements anti-régime. C’était le cas lors de la présidentielle de 2011, des émeutes de janvier 2015 et de décembre 2016. Voilà pourquoi il est nécessaire qu’une loi interdisant la coupure d’Internet pendant les élections soit votée dès maintenant. Cela permettra la libre circulation de l’information, surtout pendant le dépouillement des bulletins de vote et la compilation des résultats.

Bref, il est temps de penser aux conditions dans lesquelles vont se dérouler les élections prévues .

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