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Les Congolais s’intéressent-ils à l’art ?

Pour beaucoup, l’art est une affaire des blancs. C’est ce qu’on a laissé comprendre à Éric Kayembe, un réalisateur, lors d’un détour au Musée national du Congo alors logé au Mont-Ngaliema. Quand on visite le bâtiment pimpant neuf du musée près du Palais du peuple, c’est à se demander si nous avons conscience de la valeur culturelle des œuvres qui s’y trouvent.

Pourtant, la situation était bien différente avant la période coloniale. Les objets et les statuettes de nos villages ont pour beaucoup été confisqués, pillés ou achetés dans des conditions inéquitables et transférés hors du pays. La religion y est également pour beaucoup. En excursion dans le Kongo central il y a des années, je suis passé devant la rivière Inkisi, de son vrai nom Nzadi Malau, où les riverains nouvellement convertis, ont été persuadés d’y jeter leurs statuettes et objets traditionnels considérés comme maléfiques. Une croyance qui persiste jusqu’à aujourd’hui.

Dans nos villages pourtant, les objets d’art avaient une utilité bien définie : protéger contre un malheur, éloigner un mauvais sort ou étaient un symbole d’autorité.

Kirikou : un stéréotype ?

Le dessin animé à succès Kirikou a, à mon avis, renforcé cette mauvaise image de l’art africain. Le méchant de l’histoire, la sorcière Karaba, commande une armée de fétiches constitués de statuettes en bois qu’elle anime et dirige par sa magie. Comment peut-on vouloir réconcilier les Congolais avec l’art, si on expose les mêmes objets comme des instruments utilisés dans la sorcellerie ?

Négligé au Congo, l’art congolais resplendit hors de nos frontières. Le masque le plus cher vendu aux enchères à ce jour vient de la RDC. L’objet, utilisé dans le rituel d’une société secrète dont le rôle était de garder les traditions (Mbudye) chez les Luba-Samba dans le Tanganyika, a été acquis au prix record de 7.224.500 euros le 23 juin 2022, détrônant dans cette catégorie, les masques Fang du Gabon.

Même si ce n’est pas encore une priorité dans notre pays, il me semble que le système scolaire devrait redonner ce goût à nos enfants que je vois de temps en temps venir en sortie scolaire au musée de Kinshasa. Très souvent, les gens y vont simplement pour fêter des mariages ou organiser des conférences.

En dépensant moins le prix d’une bière (ou presque), vous pouvez découvrir vos origines, celles de votre peuple et en apprendre plus sur les autres tribus. C’est cela l’interculturalité.

 

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