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Covid-19 en RDC : les raisons d’une communication chaotique

Doit-on blâmer le manque de préparation ou tout simplement un amateurisme ? Quoiqu’il en soit, le gouvernement de RDC a adopté une stratégie de communication désastreuse sur la Covid-19. Les conséquences pourraient coûter la vie à de nombreux citoyens.

10 mars 2020, le ministère congolais de la Santé annonce un premier cas de Covid-19 en RDC. Un Belge, ont-ils d’abord déclaré, avant de changer de version dans une conférence de presse. Le Belge était finalement un Congolais vivant en France.

À Lubumbashi, le pouvoir claironne des cas positifs que l’Institut national de recherches biomédicales (INRB) ne reconnaîtra pas.

Tenez : vous souvenez-vous de l’entrée des Bakata Katanga le 4 avril 2020 à Lubumbashi ? Pendant cette période, le gouvernement avait durci ses mesures contre la Covid-19, suspendant les vols entre Kinshasa, épicentre de l’épidémie, et les autres provinces.

Ensuite, contre ses propres recommandations, l’État congolais envoyait dans un même avion une délégation d’environ 80 personnes pour enquêter sur l’incursion des rebelles katangais.

Les sorties médiatiques du Dr Muyembe, chef de la riposte, les confinements suspects et les communications hâtives sur la détection des cas, ont profondément décrédibilisé le gouvernement congolais, jusqu’à un point où beaucoup de citoyens ont commencé à remettre en question l’existence même de la Covid-19 en RDC.

Une année après, cette situation n’a pas changé du tout. Comment expliquer cette crise de communication ?

La Covid, une affaire d’argent ?

C’est ce que pense la politologue Christelle M. Il y aurait, selon elle, une sorte d’affairisme autour du coronavirus. « La communication autour de la Covid-19 était et demeure chaotique, parce que le gouvernement n’assume pas sa mission d’éducateur. Depuis le début, la population congolaise avait trop de préjugés sur la maladie. Nos dirigeants ne pouvaient pas les ignorer en adoptant des stratégies simples comme les bulletins hebdomadaires ou quelques annonces dans les médias. Ces moyens ne sont pas suffisants », explique Christelle.

Elle poursuit : « l’État doit sensibiliser toutes les couches de la population en impliquant les administrateurs des territoires et les chefs de quartiers. Mais cette démarche demande beaucoup d’argent et malheureusement la mégestion financière qui entoure la Covid-19 est grande. Et au final, c’est ça la cause majeure de la crise communicationnelle. »

Il faut noter aussi le fait qu’il existe énormément de soupçons parfois infondés qui décrédibilisent les discours officiels sur la maladie.

Les professionnels de la santé sont-ils eux aussi à blâmer ?

D’après le Dr Costa Tshinza : « les médecins et les paramédicaux disposent aujourd’hui d’internet pour communiquer avec la population. Mais comment voulez-vous que les médecins, qui sont censés être payés pour leur travail, puissent en même temps user de leurs ressources personnelles, pour améliorer un système qui par ses actes, démontre qu’il ne veut pas s’amender ? »

Il conclut : « C’est au gouvernement et à son système de santé de créer les bonnes conditions. Le reste suivra ».

Les médecins et les paramédicaux ne sont pas bien rémunérés en RDC, c’est un fait. Mais je pense que puisqu’ils ont prêté le serment de sauver avant tout des vies, qu’il y ait une motivation financière ou pas, le je-m’en-foutisme dont ils font montre pendant cette période les rend tout aussi responsables que le gouvernement…

#Covid19NeNousDiviseraPas

 

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