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Covid-19 : la communication publique, principale ennemie de la riposte ?

Plus d’une année après l’arrivée du coronavirus en RDC, la communication autour de la pandémie demeure un des maillons faibles de la riposte. Une communication boiteuse qui ne facilite pas l’appropriation des mesures barrières par les citoyens.

Mardi 10 mars 2020, Kinshasa retient son souffle. Eteni Longondo annonce un premier cas de Covid-19. Dans sa communication, le ministre de la Santé affirme que le patient 0 est « un sujet belge » avant de se raviser. « Le patient est de nationalité congolaise. Il a 52 ans. Il revenait de France. Il est dans un état stable », déclare-t-il, la Belgique ayant réfuté la première annonce. Un tâtonnement qui impactera à jamais la suite de la riposte.

Durant les trois semaines suivantes, c’est via son compte Twitter personnel que le ministre communique, –à temps et à contretemps–, sur la pandémie. Pour plusieurs experts, cette gestion singulière a beaucoup contribué au scepticisme autour du virus. « Le ministre de la Santé a été le maillon faible dans la riposte au Covid-19 en RDC », explique le journaliste Amedée Mwarabu de Kinshasa.

Il y a eu également un souci sérieux au niveau de la gestion même de la crise du Covid. Les officiels ont brillé par de mauvais exemples : certains d’entre eux se présentent sans masques en public ou au milieu de la foule.

Des influenceurs zélés

Pendant ce temps sur Internet, les influenceurs s’adonnent à une campagne de diabolisation du virus. « Virus satanique » pour les uns ; « maladie imaginaire » pour les autres, la Covid-19 n’est pas prise au sérieux dans un pays où artistes et pasteurs ont de l’influence sur la société.

Dans une vidéo rapidement devenue virale, l’artiste comédien Saï Saï conseille à la population la prise des plantes médicinales locales pour prévenir toute contamination. Quelques jours après, une mère perd ses trois enfants après leur avoir fait prendre des produits traditionnels.

Dans une autre vidéo plus récente, Kadiombo, un autre artiste comédien devenu Youtubeur, appelle au boycott du vaccin. Bien plus tôt, plusieurs parents ont refusé d’envoyer leurs enfants à l’école suite aux rumeurs de vaccination forcée contre la Covid-19 à Lubumbashi et Bukavu. Pourtant, jusqu’à ce jour, aucune personne n’a encore été officiellement vaccinée dans le pays.

Une communication non verbale exécrable

« Tout est communication », disait Paul Watzlawick. La communication n’est pas seulement ce que l’on dit, mais très souvent aussi ce que l’on fait, l’image que l’on renvoie aux autres. C’est là que le bât blesse, tant la communication non verbale a été exécrable.

A une période où le port de masques et la distanciation physique étaient la règle, on a vu des autorités publiques se masser pour célébrer quelques victoires politiques, sans masques ni distanciation physique. L’interdiction de tout rassemblement de plus de 10 personnes ne les concernait pas ? Elles sont immunisées ?

Toutes ces faiblesses pèsent encore malheureusement sur la perception que l’on a du virus dans le pays. Cependant, quelques points positifs sont à relever. Dans le Haut-Katanga, le gouverneur Jacques Kyabula est de ceux qui ont prêché par l’exemple dans le port correct du masque dès le début de la pandémie. Comme lui, plusieurs hommes politiques étaient également au front pour lutter contre le virus. Saï Saï, lui, a également rejoint la sensibilisation, dommage que cela ne ramène pas à la vie les trois enfants décédés.

#Covid19NeNousDiviseraPas

 

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