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Lubumbashi : ce qu’est devenu le vivre-ensemble en une année de Covid

Depuis une année, la RDC est frappée par le coronavirus. Les habitudes des populations ont profondément changé et le vivre-ensemble en a pris un coup. Une situation qui était encore difficile à concevoir dans une ville aussi conviviale que Lubumbashi. D’ailleurs ici, c’est à peine si certains acceptent la nouvelle vie.

Les nouvelles contraintes imposées par le Covid-19 donnent aux peuples du monde à repenser la conception de leur quotidien, notamment leurs fréquentations. Entre visite à l’hôpital, participation aux cérémonies funéraires et soirées festives, les traditions et les pratiques sont bouleversées.

A Lubumbashi, plus rien n’est comme avant

C’était pourtant l’occasion de vivre ensemble et de renforcer la solidarité en ces temps difficiles où les restrictions divisent. Mais hélas, « la crise mondiale de la Covid-19 a mis en lumière – et exacerbé-, les inégalités et les tensions existant dans nos sociétés », constataient les maires de quelques villes francophones lors de leur rencontre sur le vivre-ensemble en décembre 2020.

Les faussées se sont élargies, les défis et les enjeux d’une vraie vie entre personnes et entre communautés se sont davantage endurcis. « C’est pénible », regrette Alain Mwembia, un ingénieur agronome.

Il constate que « cette maladie a impacté nos relations parce qu’elle nous a beaucoup éloignés  de nos proches. Les gens s’évitent et mettent fin au vivre ensemble ».

Mais pour certaines personnes, les relations sociales n’ont pas vraiment changé. La directrice régionale de l’OMS, Dr Dre Moeti, ne doute pas des changements apportés par la pandémie, notamment en Afrique. Cependant, Viviane Mwanza, mère de famille, se convainc que pas grand-chose n’a changé.

Pour elle, ceux qui étaient divisés ont juste saisi l’occasion de rester éloignés. Mais elle assure : « Il n’y a rien qui ait changé en termes de vivre-ensemble.  On a eu peur au début mais c’est déjà passé et on vit comme on peut. »

Parlant de la phobie née de celle maladie, Jeff Mbiya, engagé dans l’humanitaire, reste convaincu que le coronavirus « fait encore peur, notamment à cause de la méfiance qu’il a créée entre des personnes qui hier encore se fréquentaient sans soupçons ».

Cette peur a réduit les fréquentations et les contacts interpersonnels au strict minimum, éloignant des personnes d’une même communauté. Un constat que partage Maître Christelle Tshamala, militante des droits de la femme. Pour elle, « les relations aujourd’hui se limitent à l’essentiel, même si certains ont profité de la pandémie pour s’écarter davantage des autres ».

La juriste déplore également que les personnes hospitalisées ne puissent plus bénéficier de la solidarité extérieure comme avant la pandémie.

Même peine pour l’agronome Mwembia qui se plaint en ces termes : « Nos morts sont désormais inhumés précipitamment, comme si on les jetait. Pire, on ne se rend plus visite, surtout pas quand on est malade, craignant que ce soit le corona. »

La vie à Lubumbashi après Covid

Avec tout ça, on est presque sûr que désormais la vie ne retrouvera plus son rythme d’avant. Le coup porté par la pandémie a redéfini les normes de vie en communauté. La démultiplication des marginalisés pourrait avoir des effets sur un long terme.

Mais pour Jeff Mbiya, l’espoir d’un avenir radieux est permis. Peut-être « la vie ne reviendra pas si vite à la normale, mais l’espoir est là », a-t-il dit.

De son coté, Maître Tshamala croit qu’on devrait s’adapter rapidement pour ne pas longtemps favoriser les éloignements entre personnes. Selon elle, « il va falloir vivre avec cette maladie pendant longtemps ou pour toujours ».

En effet, le coronavirus pourrait encore faire la loi pendant des années, voire des générations. Même les scientifiques ne peuvent prédire sa fin. Les États devraient plutôt penser à d’autres possibilités de vivre ensemble pour faire face aux conséquences économiques ou sociales nées de la pandémie.

#Covid19NeNousDiviseraPas

 

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