Les autorités en RDC exècrent les remarques de la communauté internationale. Ou sans doute les adorent-elles en « off », car elles sont idéales pour dénoncer l’interventionnisme supposé du monde à l’encontre de la souveraineté nationale congolaise, voire les relents de présumés complots au profit d’opposants censément ”candidats de l’étranger ”.
Bien sûr, il est aisé de faire le sourd aux vigies internationales, quand le risque à courir est celui de restrictions en matière de coopération bilatérale, sanctions qui ne font en général souffrir que le bas peuple. En sera-t-il autrement lorsque le péril sera judiciaire ?
Ce vendredi 23 septembre, la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) mettait en garde tous les acteurs impliqués dans les échauffourées qui avaient fait plusieurs victimes, les jours précédents, à Kinshasa. Fatou Bensouda indiquait non seulement surveiller la situation congolaise « avec une extrême vigilance », mais aussi « enquêter en République Démocratique du Congo depuis 2004 » sur des actes qui pourraient constituer des crimes de la compétence de la Cour pénale internationale. « Notre travail continue. Je n’hésiterai pas à agir si des actes constitutifs de crimes relevant de la compétence de la Cour sont commis et à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour poursuivre en justice les personnes responsables en conformité avec le principe de complémentarité », a menacé la magistrate.
Cette dernière a appelé « toutes les parties potentiellement impliquées et tous les acteurs congolais » au calme et à la retenue, à s’abstenir de tout acte de violence contre les personnes et les biens et « à prendre les mesures nécessaires afin de prévenir la commission de tels actes.».
Bien sûr, en dehors du fait que Fatou Bensouda ne met pas à l’index un seul camp, la critique récurrente contre une CPI dite « afrophobe » dessine déjà cette vague nationaliste sur laquelle pourra surfer le régime de Joseph Kabila. Plus la ficelle est grosse et mieux ça passe.