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Décès de Tshisekedi, 40 jours après, rien n’est fait.

Dans notre culture, après 40 jours de deuil, vient le jour de la levée  officielle de la période des funérailles. À cette occasion, une fête est organisée et la famille éprouvée retourne à la vie normale. Dans le cas de Tshisekedi, 40 jours sont passés, les funérailles ne sont toujours pas à l’ordre du jour.

40 jours de deuil sans deuil

Sur place, à la 11e rue de la commune de Limete, siège du parti de Tshisekedi, les militants continuent à dormir à la belle étoile en guise de deuil. Les bâches érigées pour recevoir les « officiels » qui viennent compatir sont toujours là. La nuit, de petits feux de deuil sont allumés ici et là tout autour pour réchauffer  les infatigables  « combattants » qui ne quittent jamais le lieu. Des personnalités viennent écrire un mot dans le livre d’or ouvert pour saluer la mémoire de l’illustre disparu. Le deuil est interminable. Pourtant, il n’y a jamais eu de funérailles officielles.

« Nous serons là jusqu’à ce que la dépouille de notre leader sera rapatriée. Nous prendrons tout notre temps. S’il faut l’enterrer ici  au siège, nous le ferons sans hésiter. Mais ce n’est pas au gouvernement Badibanga d’enterrer notre président. Nous attendrons le gouvernement issu du dialogue ou rien »,  s’écrie un militant entouré par une cinquantaine d’autres et qui se font appeler « parlement debout ».

Malheureusement, loin de ce lieu où l’atmosphère est toute froide en signe de deuil, l’attitude et l’expression des politiciens qui ont longtemps accompagné Tshisekedi, changent d’un jour à l’autre. Alors qu’il y a moins d’un mois, la priorité était « où enterrer Etienne Tshisekedi ? », aujourd’hui, Tshisekedi ne sait même pas s’il sera enterré. Les travaux de construction de sa tombe au cimetière de la Gombe  sont aux arrêts. Plus grave, les personnes que Ya Tshitshi avait initiées  à la politique se retrouvent  aujourd’hui préoccupées par autre chose que le deuil de leur mentor. Certains se contentent de se disputer des postes de direction au Rassemblement, y compris son propre fils.  Le cadavre de Tshisekedi est aujourd’hui utilisé comme monnaie de change, afin d’obtenir l’application de l’accord politique.

Les observateurs silencieux

Pendant ce temps, le gouvernement observe les caprices de l’opposition et oublie son rôle de pouvoir exécutif sans l’autorisation duquel le corps de cet éminent serviteur de la nation congolaise ne reviendra jamais au pays.  40 jours après, une question demeure : Etienne Tshisekedi mérite-t-il cette incurie, après tous les loyaux services qu’il a rendus à la nation ? À chacun sa réponse. Pour moi, réserver un tel sort à Tshisekedi, c’est  de l’ingratitude. L’écrivain Jean-Paul Ritcher n’a-t-il pas dit : « Une seule louange, un simple témoignage d’affection donnés en notre absence, suffisent pour nous toucher. Combien ne le serons-nous pas encore davantage si l’on nous lance l’une et l’autre, comme un baiser d’adieu, après notre fuite de cette terre ? … Chacun peut donc aimer du moins l’ami qui le pleurera un jour. »

Ces 40 jours passés sans organisation de funérailles officielles, démontrent que la notion de respect des morts semble être inconnue des politiques congolais. Ces derniers n’arrivent pas à mettre de côté  leurs démêlés, le temps de placer sous terre le corps de celui qui a initié la plupart d’entre eux à la politique, tant les opposants, que ceux de la majorité.  Quelles que soient les raisons avancées, il n’y a pas plus urgent, pour l’instant, que d’inhumer avec dignité cet homme qui a voué toute sa vie à la nation congolaise. Un homme emprisonné à plusieurs reprises pour sa lutte en faveur de la démocratie dans notre pays.

Si de son vivant, Tshisekedi n’a pas vécu l’un de ses plus grands rêves, celui de diriger le pays, permettons-lui quand-même de vivre le rêve de tout mort, celui d’être enterré simplement et dignement.

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