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Pas d’élections en 2017 : est-ce une surprise ?

La notion de scoop suppose-t-elle que l’information retentissante soit une surprise ? Si tel est le cas, l’annonce vendredi dernier, que les élections ne seraient pas organisées en RDC avant la fin de l’année ne devrait pas tant faire parler.

Eventer un secret de polichinelle n’aurait pas dû suffire à créer le buzz suscité par les déclarations à Paris, du président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Le plus intéressant réside peut-être moins dans l’information que dans le fait qu’elle soit enfin assumée par des autorités qui, pour l’instant, n’excluaient rien, pas même une convocation aux urnes en 2017. Un scrutin qui, pour être en retard d’une année, aurait semblé en avance, tant plus personne n’y croyait.

En RDC, on tarde sur tout

À quel calendrier, d’ailleurs, le peuple congolais croit-il encore, tant on tarde sur tout en République démocratique du Congo ? On tarde à inhumer les personnalités historiques décédées il y a des mois. On tarde à résoudre les problèmes sécuritaires de l’est du pays. Et on tarde donc à renouveler les mandats…

Corneille Nangaa a eu le mérite de dire tout haut ce que chacun subodorait. Et conformément au proverbe selon lequel « quand le canari se casse sur ta tête, profites-en pour te laver », le patron de la Ceni en a profité pour s’inventer une nouvelle virginité, par la mise en avant d’excuses moins politiciennes que techniques. Non, la Commission électorale ne serait pas amorphe, puisque 33 millions de Congolais auraient déjà été enrôlés sur les listes électorales. Non, la Ceni ne serait pas seule responsable du retard, puisqu’elle attendrait l’évaluation du processus électoral qui doit être faite, selon l’accord de la Saint-Sylvestre, avec le gouvernement et le conseil national de suivi de l’accord (CNSA). Et non, l’absence de date de scrutin ne serait pas un signe de partialité. Au contraire, selon Corneille Nangaa, c’est « par souci d’équité » qu’il est exclu d’organiser les élections sans le Kasaï et les territoires de Kamiji et de Luilu, soit un bon dixième de l’électorat.

Le manque de moyens, un autre alibi

Aux Nations unies qui exigeaient, le 1er juillet, la publication d’un « calendrier électoral officiel et consensuel pour l’organisation des élections », les autorités pourraient rétorquer que la RDC manque tout bonnement de moyens. Dans une récente note d’information à destination des chancelleries occidentales et des institutions internationales, le cabinet du Premier ministre évoque des « difficultés économiques » globales et demande le soutien des bailleurs de fonds.

Appeler à l’aide une communauté internationale taxée d’ingérence indécente : en RDC comme dans la chanson de Patience Dabany, il y a des « nés avant la honte ». En attendant, il risque d’y avoir une autre Saint-Sylvestre avant la mise en place effective des accords du dernier 31 décembre…

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