On le sait tous : les politiques congolais ont pour stratégie ultime de n’approcher la table de négociation que lorsque c’est assez tard pour sauvegarder un avantage. Ou alors quand c’est le moment de prendre part au partage du « gâteau ». On peut donc dire que le slogan favori de nos leaders est : « Je veux dialoguer, moi non plus ! » En fait, ils vont au dialogue sans vraiment une volonté d’y aller.
Tshisekedi, Kabila, Katumbi, Fayulu, Bemba ou encore Kamerhe, ont souvent des raisons de s’opposer les uns aux autres sur plusieurs sujets. Néanmoins, ils font tous la politique de la même façon. Ils ont l’habilité de nouer des alliances de circonstance pour des objectifs de court terme.
En RDC, le dialogue politique est souvent perçu comme un moyen de gestion des crises. Cependant, pour certains de nos acteurs politiques, il semble n’intervenir que dans deux circonstances bien spécifiques, notamment : lorsque l’enjeu est de gagner le gros lot ; ou alors d’éviter de le perdre.
Entre dialogue et gestion du pouvoir
Quand ils sont au pouvoir, nos leaders se sont souvent retrouvés dans une position où le dialogue est nécessaire. Que ce soit pour former des alliances stratégiques ou pour apaiser des tensions politiques. Le rapprochement avec les opposants ou une partie d’entre eux, montre que pour le tenant du bâton de commandement, le dialogue est un levier pour renforcer ou réajuster son pouvoir en fonction des circonstances.
Les alliances formées alors, témoignent de l’utilisation du dialogue comme un outil temporaire pour maintenir l’équilibre. Mais dès que ce partenariat a cessé de servir ses intérêts, le dirigeant du pays s’en détache, optant pour une nouvelle coalition qui lui donnerait plus de contrôle.
Le dialogue de la contestation
Peu importe la personne au pouvoir, les opposants ont souvent critiqué les dialogues et les négociations qu’ils considèrent comme des mécanismes pour légitimer des trahisons politiques. L’idée a priori est de refuser tout dialogue avec le pouvoir en place, surtout après une élection, car cela reviendrait à reconnaître un mandat jugé volé.
Cependant, le refus de dialoguer les place dans une position difficile où ils risquent d’être marginalisés. Du coup, ils sont invités à faire un petit glissement sémantique du mot « dialogue ». Ils sont « contraints » de dire oui au dialogue. Mais ce dialogue n’est légitime que lorsqu’il est basé sur des principes définis par eux-mêmes. Les voilà donc engagés dans ce tour de table avec le gouvernement où chaque acteur a sa définition des principaux concepts.
En réalité, le dialogue est une activité normale dans une démocratie. Si certains pensent que dialoguer c’est trahir, d’autres pensent aussi que ne pas dialoguer c’est trahir.