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Dites à Firmin Yangambi que le numérique crée des richesses

Lors du sommet sur le numérique organisé par le gouvernement, le fait que le président Tshisekedi ait mentionné que la connexion Internet en RDC serait l’une des plus coûteuses en Afrique, a soulevé des vagues. Les internautes congolais sont même divisés sur la question de faire du numérique une priorité en RDC. Maître Firmin Yangambi, par exemple, est l’un de ceux qui pensent que, dans l’état actuel du pays, le numérique ne devrait pas être la priorité. Je ne partage pas son point de vue.

Sur les réseaux sociaux, les détracteurs du président Tshisekedi fustigent un énième constat, non accompagné d’actions concrètes pour baisser les coûts d’Internet. D’autres jugent inopportune, l’annonce de la création d’une agence pour le développement du numérique, une structure de trop, selon eux, dans un contexte budgétaire terne.

Mais ce qui m’a le plus choqué, c’est le tweet de Firmin Yangambi, un activiste politique congolais. Une remarque qui m’a blessé dans mon amour propre. Pour le soutenir, ses partisans justifient que le faible taux d’électrification du pays ne favorisera pas le développement du numérique. Ainsi, selon eux, en faire une priorité, au détriment de l’agriculture (donc du manger à sa faim) est une erreur. Ah bon ?

L’erreur selon moi, c’est de voir des gens remettre à plus tard le progrès de la science et de la technologie sous prétexte que le pays aurait des problèmes plus urgents à régler. Je ne nie pas que les Congolais souffrent et qu’ils méritent l’attention de nos gouvernants. Mais est-ce une raison pour ne plus rien faire dans le numérique ?

Doit-on arrêter le progrès, la recherche et l’émulation dans d’autres domaines, parce qu’on égorge des gens à Beni ou que des Congolais sont malnutris comme le défendaient ceux qui refusent de voir les musiciens Congolais se produire en Europe ?

Le numérique génère de l’argent

Les dernières statistiques sur l’évolution du numérique en RDC ont tout pour rassurer qu’il s’agit d’un secteur porteur de croissance économique. Nous sommes passés de 6 millions d’internautes en 2018 à 16 millions en 2019 selon les données de la firme Hootsuite, soit une augmentation de 122%.

Les services associés au numérique comme les paiements en ligne ont également progressé, malgré une fiscalité qui ne favorise pas des prix abordables pour l’accès à Internet. Des progrès réalisés avec un taux d’électrification de 8% à peine.

A cela s’ajoutent les 35 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et les 7 millions d’usagers du mobile money. Le mobile money a ouvert des opportunités comme le paiement des factures, des taxes et le transfert d’argent. Sentant le vent tourner, les banques se sont mises au pas et proposent presque toutes, depuis, des applications financières à leurs clients. Des entrepreneurs ouvrent des boutiques où ils n’effectuent que ce type de transactions.

Ne politisez pas le numérique

Le débat né sur les réseaux sociaux n’a rien de factuel à mon avis, mais il a plutôt un soubassement politique. Limiter ceux qui voient dans le numérique une réelle opportunité de décoller parce qu’on n’aime pas la tête de celui qui s’en fait le défenseur n’est pas une bonne chose.

Au Mali, un officiel avait commis l’imprudence de traiter de « drogués » les blogueurs qui faisaient de la vigilance citoyenne sur Internet.

En RDC, ceux qui disent incarner le changement traitent d’affamés ceux qui se battent pour faire du numérique un levier de développement.

Si tel est le cas, alors oui, je suis un affamé.

 

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