La journée du samedi 11 décembre 2021 a vu la victoire de Samuel Eto’o à l’élection du nouveau président de la la Fédération camerounaise de football. L’événement était diffusé en direct sur la télévision nationale du Cameroun. Cette victoire pourrait-elle inspirer une certaine dynamique en football congolais ?
L’ancien joueur des Lions indomptables et du FC Barcelone est le nouveau président élu de la Fédération camerounaise de football. Il a remporté une élection qui l’opposait au président sortant de la Fécafoot Mbombo Njoya Seidou.
Une victoire porteuse d’espoir
Samuel Eto’o a réussi là où son aîné Joseph Antoine Bell, un autre ancien de l’équipe de football du Cameroun, avait échoué à deux reprises à se faire élire président de la Fécafoot.
Autant dire que l’évènement est symbolique et l’espoir grand. Car, depuis plus de 20 ans, la Fécafoot traverse une crise de gouvernance et de légitimité. Cette crise aura été marquée par sa mise sous tutelle de la Fifa entre 2013 et 2015 et une élection contestée en 2018. En plus, sur le terrain, le football camerounais n’est pas assez bien portant ces dernières années malgré un sacre à la CAN en 2017.
Un vaste chantier attend Samuel Eto’o
La victoire de l’ex numéro 9 du Cameroun est d’abord symbolique. C’est la victoire d’un représentant de footballeurs professionnels face à une élite d’hommes d’affaires qui a longtemps tenu les rênes du bureau exécutif de la fédération. C’est aussi l’élection qui enchante une grande partie des fans des Lions indomptables, à en croire les réactions sur les réseaux sociaux. Beaucoup espèrent sans doute que « l’enfant terrible » du foot camerounais saura produire des solutions aux énormes problèmes qui minent le sport roi dans leur pays.
En effet, les problèmes sont légion au sein de la Fécafoot. Et Samuel Eto’o aura fort à faire. Je ne suis pas Camerounais, mais je vois ce qui se passe. L’équipe masculine sénior ne rassure plus, en dépit de sa qualification pour les barrages du Mondial 2022.
Les Lions Indomptables ne sont plus l’équipe qui faisait trembler tout le continent. A l’époque, ils pouvaient aligner deux victoires de suite à la CAN ou se qualifier à quatre Coupes du monde d’affilée. Passeront-ils l’étape des barrages pour jouer le Mondial Qatar 2022 ?
Premier test pour Eto’o, la CAN 2022
Le Cameroun accueillera la CAN 2022. Je ne vais pas spéculer ici sur les chances de victoire des Lions indomptables. Je pense qu’une élimination avant les demi-finales serait très mal vue par les fans qui n’hésiteront pas à la mettre au bilan du nouveau président de la Fédération.
Je ne parle pas encore des problèmes au niveau du football de clubs dans ce pays. On sait que depuis plusieurs années on n’a pas vu un club camerounais briller au niveau de la Ligue africaine de champions ou la coupe de la CAF. Je me réserve de parler des problèmes du football féminin.
Un exemple à suivre pour le Congo ?
Je dirais que l’exemple camerounais est à la fois quelque chose qui peut nous inspirer ou non. Bien sûr, on a besoin d’un nouveau souffle à la tête de notre fédération et les anciens Léopards sont mieux placés pour cela. Les uns et les autres citent Shabani Nonda ou Hérita Ilunga comme possible remplaçant de Constant Omari. Ce sont des anciens sportifs de haut niveau. Pour le moment, ils gèrent chacun de son côté assez bien leur retraites sportives. Une victoire de Shabani Nonda, légende vivante chez nous, sera aussi massivement célébrée que celle de Samuel Eto’o au Cameroun.
En revanche, je doute que le recours aux anciennes gloires de l’équipe nationale soit l’unique solution pour améliorer les choses chez nous. Comme me le disait le photojournaliste Justin Makangara dans une conversation privée : « On peut avoir de bons managers sportifs qui n’ont jamais joué comme anciens Léopards. » Donc, cela ne devrait pas être que l’affaire d’anciens grands footballeurs. La fédération est une organisation qui gère le football, un sport de tout le monde, et non une organisation réservée aux seuls pratiquants du football. On a donc besoin d’un bon manager, pas forcément d’une ancienne star du ballon rond. Sachant qu’on peut avoir été bon avec la balle au pied et être mauvais dirigeant.