Il y a quelques jours, j’étais à un deuil dans le village Bulanda, à 65 km de Lubumbashi, dans le Haut-Katanga. Tous, nous étions en émoi. Le défunt Kabongo était connu de beaucoup d’entre nous et nous espérions l’enterrer dans le calme et la quiétude malgré la douleur. Tout serait simple et maîtrisé, s’il n’y avait pas enfin cette scène choquante pour moi.
Le petit frère de Kabongo se lève et clame haut et fort qu’il lui revient désormais le droit de prendre pour épouse la veuve de son défunt frère. De son vivant, ce dernier était marié et père de cinq enfants. « Après l’enterrement, les membres de la famille resteront se concerter sur le partage des biens de notre frère. Mais déjà, je signale que la responsabilité de la veuve ainsi que des enfants me revient de plein droit. Elle sera donc ma seconde épouse », clame-t-il, surprenant un peu la foule. Un peu, puisque la pratique n’a rien de nouveau.
Ces propos ont tout de même été jugés indécents par l’oncle du défunt et du candidat à « la succession maritale ». L’oncle manifesta son indignation par des propos très durs, sûrement opposé à ce type d’héritage.
Sécuriser l’avenir de sa descendance après sa mort
J’ai personnellement trouvé bizarre de déclarer des faits aussi sensibles en public. Même si, bien sûr, le jeune homme semblait un peu éméché. Pour ma part, certaines de nos valeurs ancestrales ou coutumières rétrogrades sont à abandonner.
Je me souviens encore de ces mots d’un homme présent à ce deuil, qui me rejoint dans mon refus. « L’Afrique et ses villages connaissent plusieurs pratiques incongrues qui doivent véritablement être abandonnées ou punies par la loi », a-t-il déclaré sur le champ.
De petits malins à surveiller
En creusant plus profond, je me dis que certains membres de nos familles sont juste des prédateurs. Car on semble attendre de pied ferme la mort d’un frère ou d’une sœur, qui a émergé et a une famille stable, afin d’accaparer ses biens. Prendre en charge sa femme, ou ses enfants, devient alors de nos jours, un moyen déguisé pour montrer sa sensibilité et attirer sur soi la gestion de tout l’héritage. On sait à quel point plusieurs ont fini par dilapider ces biens, et abandonner la femme et les enfants qu’ils ont prétendu vouloir encadrer.
C’est sans oublier le fait que cette pratique ne respecte pas les femmes. On n’hérite pas des femmes, mais des biens. On n’hérite même pas des enfants. On les aime, et on prend simplement soin d’eux.
En effet, certaines pratiques sont à bannir..