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Et si on aidait tous ces shegués ?

Les shegués (enfants de rue) n’ignorent pas d’où ils viennent. En tout cas pas tous. Plusieurs ont toujours de la compassion pour les leurs, et y pensent souvent. Etonnant, et pourtant c’est vrai.

Un vendredi de septembre 2018, dans la soirée à l’entrée du tunnel du centre-ville de Lubumbashi, j’assiste à un scénario surréaliste. Une femme, la quarantaine révolue, me semble tombée dans de mauvaises mains, celles d’un shegué âgé de 20 ans environ. Celui-ci semble l’empêcher de partir, mais curieusement ils engagent plutôt une conversation, malgré la tension apparente qui l’entoure.

Le shegué n’est intéressé par rien de ce que la femme a sur elle. « Désolé, nous nous sommes trompés. Car c’est un problème de famille », s’exclame un homme qui voulait intervenir pensant venir au secours de la femme. Le jeune shegué est plutôt face à sa propre tante. Il lui demande d’être réintégré dans la famille. Il ne veut pas ainsi louper sa chance.

« Je ne suis pas sorti d’un arbre »

Les mots du shegué en swahili sont forts. « Oh tantine, tu ne pars pas si tu ne m’amènes pas chez toi ! Il est important que mes frères sachent qu’ils ont leur frère shegué. Peut-être que j’ai ravi une fois leurs biens, montre-les moi, je saurai même les protéger un jour. Pourquoi m’avoir abandonné ? Chers tous [s’adressant aux passants et à ses camarades], j’ai une famille, je ne suis pas sorti d’un arbre », témoigne-t-il.

Scène touchante et inspiratrice. Venus pour secourir la tante, j’ai vu plusieurs personnes en train de pleurer. J’ai alors posé des questions pour en savoir plus sur l’arrivée dans la rue de ce jeune homme. Il était accusé de sorcellerie, et ainsi chassé de la maison. Malgré tout il n’a pas oublié sa tante.

Des parents irresponsables

Une histoire touchante d’un père irresponsable. D’une mère tout aussi irresponsable, et d’une tante aussi pleinement impliquée comme tout autre membre de la famille. Mais aussi une histoire qui interpelle toute notre société, en RDC. Dans la soirée, alors que je rentrais à la maison, j’ai entendu un homme accuser le gouvernement d’être responsable de l’abandon de ces enfants.

L’homme nous a raconté l’histoire d’un compatriote qui a perdu son emploi et qui, depuis, ne pouvait rien faire pour ses nombreux enfants et ses deux femmes. Le pauvre ! Mais voilà que même en étant capable de travailler, on ne peut pas travailler. Pas de sécurité sociale, pas de solidarité, pas de solution pour les compatriotes en difficulté. Nous sommes une nation simplement quand il faut regarder un match de football ? Il ne devrait pas en être ainsi.

Ces enfants que nous abandonnons dans la rue, ils finissent toujours par revenir sous une autre forme dans nos vies : comme criminels, par exemple. Voilà pourquoi, je crois bien, il est nécessaire d’identifier tous les enfants de la rue. L’Etat pourrait ainsi savoir qui aider et de quelle manière. Intégrer dans la famille, un enfant est plus facile à aider que dans la rue.

 


Vous pouvez relire sur Habari RDC : Pourquoi pas un shegué député national en RDC ?

 

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Les commentaires récents (2)

  1. C’est une question tres importante et en parler donne peut-être une vision plus large de la politique nationale de la jeunesse et une conception plus réaliste de la vraie place de la famille dans la politique nationale. La famille n’a pas de place dans le capitalisme, c’est mon opinion mais je crains qu’il ne soit vrai. Courage @habariRdc, sensibilisons au maximum les personnes autour de nous et investissons dans l’éducation de nos enfants jusqu’au jour où l’Etat prendra sa charge. L’Etat, un jour…