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Et si la police congolaise affichait ses couleurs ?

La marche pacifique de la Conférence épiscopale du Congo (Cenco) est une tentative d’interpellation des autorités sur la question de la consolidation de la démocratie. Elle constitue également une occasion de célébrer la mémoire de chrétiens exécutés lors d’une manifestation de 1992 alors qu’ils réclamaient l’ouverture du régime de Mobutu.

Une date bien-aimée

C’est donc à cette même date que l’opposition et les mouvements tels que le « Front Citoyen » ont décidé d’organiser une marche pour appeler au départ de Joseph Kabila. De son côté, la majorité présidentielle a également choisi cette date pour encourager ses partisans à descendre dans les rues afin de manifester leur soutien au président. Elle invite par la même occasion l’opposition, la société civile et les mouvements citoyens à prendre part au dialogue national pour trouver des solutions à l’organisation des prochaines élections.

Face à ces différents appels à manifestations, l’Église catholique indique que sa marche est désormais orientée vers des activités spirituelles. Donatien Shole, secrétaire général de la Cenco a annoncé dans un message qu’il invite tous les chrétiens à ne plus descendre dans la rue, mais à converger vers leurs églises respectives pour commémorer leurs martyrs et implorer la paix en RDC. Ce retrait de la Cenco, qui semble jouer la carte de la neutralité dans ces rassemblements, ouvre la voie à une éventuelle confrontation entre les militants du parti au pouvoir et ceux de l’opposition.

Le rôle ambigu des forces de l’ordre

Certains craignent que ces manifestations tournent à l’émeute comme cela a été le cas lors des marches de protestation contre la modification de la loi électorale en janvier 2015. La répression sanglante qui s’en est suivie a fait 42 morts selon les ONG contre 20 selon le gouvernement. Face au bras de fer qui s’annonce, la police nationale congolaise « PNC » est appelée à encadrer les manifestations. Cette dernière est pointée du doigt pour son inefficacité. Elle est accusée d’avoir réprimé les partisans de l’opposition et les membres des mouvements citoyens au lieu d’encadrer les manifestations. Les policiers quantàeux affirment avoir agi de la sorte parce que : « le service militaire exige d’obéir aux commandements ». C’est ce qu’ils auraient affirmé a des manifestants pendant qu’ils les rouaient de coups.

Une journée-test pour la police

C’est cette même police, jugée inefficace lors des manifestations de l’opposition, qui a reçu des commentaires positifs pour avoir assuré avec succès l’encadrement des marches organisées par le pouvoir. Aucun n’incident n’a été signalé durant ces dernières. Ceci peut constituer un argument pour interdire les marches de l’opposition, sous prétexte de vouloir prévenir tout dégât matériel comme humain.

La récente dotation de la police en matériel anti-émeute a été vivement contestée, tout comme l’installation de caméras de surveillance à divers endroits de la capitale Kinshasa. Le 16 février apparaît donc comme une épreuve pour tester la neutralité de la police nationale. C’est un enjeu de taille pour cette dernière qui doit redorer son image ternie par ses échecs pendant les évènements majeurs qui ont secoué le pays depuis l’année dernière.

L’auteur de la caricature est Edison Musavuli, un artiste dessinateur congolais basé entre Goma et Butembo (Nord Kivu, R D Congo). C’est à partir de 2012 qu’il s’intéresse à la caricature en dessinant pour un journal local (à Butembo) et découvre ainsi un moyen indépendant de s’exprimer sur l’actualité nationale et internationale.

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