À la chaque fin du mois, personne, a priori, n’y échappe. Nous recevons tous notre facture d’électricité. Enfin, pour de l’électricité supposée consommée ! En effet, il est rare d’avoir de l’électricité sept jours sur sept, dans plusieurs quartiers de Lubumbashi. Et d’ailleurs, jamais une journée entière. Je ne compte pas le fait qu’avec cette électricité, nous ne pouvons ni cuisiner ni repasser. Dans mon quartier, elle sert uniquement pour éclairer nos maisons et allumer la télévision.
Des kilowatts heures imaginaires
Malgré cette réalité, avec tout leur sérieux, les agents de la société nationale d’électricité passent de maison en maison, déposant des factures. Elles indiquent des indices difficiles à justifier objectivement, puisque même les compteurs sont rares ou n’existent quasiment pas. Malgré tout, les index sont là… et les calculs sont faits !
Le seul critère de facturation qui vaille : c’est l’impression que donne votre maison. Bien bâties, clôturées, on y voit des voitures garées, donc vous êtes « pleins aux as ». Et donc, l’addition est salée. Parfois aussi, on regarde votre salon et les machines qui s’y trouvent : congélateur, l’écran LCD, le four ou la cuisinière… et vous passez encore plus à la caisse ! Bref, l’unité de mesure n’est plus le kilowatt heure, mais votre apparat. Dans une ville où tout le monde pense se valoriser en s’achetant des appareils électroménagers à la mode, c’est ubuesque !
Un forfait injuste pour les pauvres
Dans les quartiers populaires et pauvres, la SNEL recourt à une autre pratique : les forfaits. En d’autres termes, les agents regardent le quartier et s’imaginent qu’ils sont moins nantis. Ici alors, les coûts sont connus d’avance par la société et par les abonnés : vous consommez plus, ou pas du tout, vous payez le montant fixé. Impasse totale ! Or, ces quartiers défavorisés connaissent plus de délestage, cette pratique qui consiste à couper une partie du quartier en vue d’alimenter une autre en électricité.
« Inimaginable cette façon de facturer ! s’exclame un abonné. En mars, je n’ai eu de courant électrique que dix-neuf jours sur trente. Mais je dois payer autant que le mois passé alors que je suis resté dans le noir durant 2 semaines. » Ce voisin, tout furieux de recevoir sa facture mensuelle alors qu’il vit dans le noir, a menacé de battre les percepteurs de la SNEL. Cela n’arrange malheureusement pas sa situation, puisqu’ils lui ont définitivement couper l’électricité… jusqu’à ce qu’il paie. Un autre homme, dans mon quartier, préfère, lui, se cacher lorsqu’il voit venir les percepteurs… et ainsi échapper à leurs factures.