Dans les rues de Kinshasa, Goma ou Lubumbashi, il n’est pas rare d’entendre des qualificatifs tels que : « C’est un traitre ! » Ou encore : « Il collabore avec l’ennemi » ; « il n’est pas Congolais » ; « il combat notre chef »… Pourtant, celui à qui on fait allusion n’est pas un agresseur ni un criminel, mais simplement un opposant politique, un citoyen qui a une option différente.
Le fanatisme politique prend des allures de fléau en RDC. Il s’installe dans les esprits, les partis politiques, les familles, sur les réseaux sociaux, et même dans les rangs des élites. Il pousse à croire que les divergences d’opinions politiques sont une trahison, et que l’opposant est un ennemi à abattre. Ce genre de considérations est dangereux pour la paix et l’unité nationale. Il est urgent de promouvoir la tolérance et le vivre-ensemble.
Quand une idée devient une hostilité
Les confrontations d’idées entre militants ne relèvent plus du débat en RDC, elles fissent souvent en affrontements physiques. Des scènes d’affrontements entre partisans du pouvoir et de l’opposition lors des marches, des campagnes ou même après les élections, en sont l’illustration. Certains quartiers de Kinshasa, Lubumbashi ou Matadi ont vu des compatriotes s’affronter, simplement parce qu’ils portaient des couleurs politiques différentes.
A cela s’ajoute une série de procès considérés par certains comme à caractère politique. Des cas d’exils forcés des leaders d’opinion ou d’acteurs politiques. Un climat où la peur remplace la confiance, et où le fait de critiquer est synonyme de se mettre en danger. Des figures politiques ont été emprisonnées ou contraintes de fuir, non pas pour des crimes reconnus, mais pour avoir tenu un discours contraire à celui du pouvoir.
Exprimer ses convictions sans violence
Etre de l’opposition n’est ni un crime, ni une honte. Cela fait partie de l’essence même de la démocratie. L’UDPS, qui était dans l’opposition hier, est aujourd’hui au pouvoir. Ensemble pour la République ou le PPRD, aujourd’hui dans l’opposition, peuvent être demain aux affaires. La roue tourne, mais le pays reste.
Sur le plan social, nous partageons les mêmes souffrances : chômage, vie chère, insécurité… Ces problèmes n’épargnent ni la majorité ni l’opposition. Ils frappent tout le monde, sans distinction. Avant d’être partisans de tel ou tel leader politique, nous sommes tous Congolais. Il faut cultiver une nouvelle mentalité : celle du respect dans la différence. Apprenons à écouter sans insulter, à contredire sans humilier. Le militant d’en face n’est pas ton ennemi, c’est ton voisin, ton frère, peut-être même ton sauveur demain.
Une démocratie tolérante, pas violente
Il est temps que la politique congolaise cesse d’être une politique de violences. On peut faire la politique dans le respect de nos divergences. La vraie force d’un pays démocratique ne réside pas dans l’écrasement de l’opposant, mais dans la capacité à débattre, à écouter, à construire ensemble en respectant les institutions et les droits humains. C’est ce qui fait la richesse d’une démocratie mature. Pour construire la paix sociale et la cohabitation pacifique, le Congo a besoin de patriotes, pas de fanatiques. Il a besoin de débats constructifs, pas de divisions. Construisons ensemble une République où la politique éclaire et agit dans la paix, sans brûler !
*Ce contenu de sensibilisation est produit dans le cadre du ‘’Peace Project’’, un projet de paix mené dans l’est de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, en partenariat avec l’ONG néerlandaise Mensen Met Een Missie (MMM). Ensemble, nous encourageons les communautés à adopter et à partager davantage de récits alternatifs et inclusifs, afin de promouvoir la paix sociale, le dialogue et le vivre-ensemble. Cette initiative s’oppose aux discours de haine, à la manipulation et à la violence, qui fragilisent le tissu social.