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Fédéralisme à la congolaise : autonomie ou morcellement ?

Dans les débats, chacun y va de son argument pour justifier ou attaquer le fédéralisme comme forme de l’État congolais. Certains s’appuient sur la légitimité que leur confèrent leurs richesses naturelles pour exiger plus d’autonomie. D’autres par contre, craignent que cela n’aboutisse à des sécessions comme celles que le Congo a connues après 1960.

Débattre sur la forme de l’État et la justice sociale ne devrait pas être un tabou. C’est une question légitime. Quand le gouvernement faisait la promotion de la Constitution de 2006, il nous promettait une forte décentralisation. Un passage de 11 à 26 provinces, avec des Assemblées locales pour une gouvernance de proximité, et surtout des ressources. L’article 175 de la même Constitution prévoit que 40 % de recettes à caractère national produites dans chaque province doivent y être rétrocédées. Cette promesse de décentralisation a suscité de nombreux espoirs, notamment dans les régions marginalisées.

Mais, 19 ans plus tard, rien n’a suivi. Certaines provinces manquent de tout, et de nombreux gouverneurs, attendent encore des fonds de Kinshasa. Paralysées, les Assemblées provinciales passent leur temps à combattre leurs gouverneurs. Une révélation de l’échec de la décentralisation. L’État a transféré les responsabilités, mais pas les moyens.

Lorsque les ressources des provinces sont confisquées par Kinshasa

Dans les trois principales provinces minières (Haut-Katanga, Haut-Uélé et Lualaba), les mines tournent à plein régime. Le cuivre, l’or et le cobalt qui y sont extraits pèsent presque la moitié du PIB national. À l’opposé, plusieurs autres provinces ne produisent presque rien et survivent sous perfusion, fautes d’investissements non miniers. Dans les régions riches, beaucoup commencent à murmurer : « Pourquoi ne pas garder nos richesses ici ? Pourquoi dépendre de Kinshasa qui prélève et redistribue à peine ? »

Le Congo a connu les douleurs du régionalisme. J’ai lu dans mes livres d’histoire comment le Katanga a voulu faire sécession en 1960. Comment la province du Sud-Kasaï a aussi tenté l’expérience. C’est peut-être pour cela que l’idée du fédéralisme fait peur à Kinshasa. On y voit un démon caché dans un costume de réforme.

Mais moi, je crois que le vrai démon, c’est une mentalité qui entretient l’injustice. Ce n’est pas la forme de l’État qui divise, c’est le sentiment d’abandon. Au tréfonds de la forêt équatoriale, en passant par les plaines de Masisi, Rutshuru et le long des lacs Kivu et Tanganyika, j’ai ressenti ce sentiment, nourri par une population qui a abandonné toute idée d’un développement endogène.

Renforcer la décentralisation fera oublier le débat sur le fédéralisme

Je suis un Congolais lambda. J’ai vu trop de promesses enterrées sous les discours. La RDC n’a pas besoin d’un fédéralisme de rupture, car le défaut de culture politique fera ressurgir les mêmes problèmes dans ces provinces fédérales (comme ce fut le cas au Katanga en 1960).

Seule une réelle volonté politique de renforcer la décentralisation prévue dans notre Constitution pourra ramener la justice, l’équité et la dignité à tous nos compatriotes en provinces. Ne changeons pas la forme de l’Etat, changeons d’abord notre mentalité d’Etat. Cessons de penser que Kinshasa c’est le pays et le reste du Congo, sa banlieue.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Nous souhaitons le fédéralisme pour le développement du pays vu que l’échec de 64 ans les pays et toujours sous développer