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Le féminisme en RDC : un mouvement incompris et presqu’inexistant

« Ne débarrassez pas la table à moins que les hommes ne se lèvent pour le faire aussi ». Cette citation de Coco Chanel a du mal à percer dans notre société congolaise très patriarcale et qui se targue pourtant chaque 8 mars de défendre les droits des femmes. L’essence du féminisme c’est de combattre l’hégémonie du patriarcat ! But que très peu connaissent et que beaucoup auront du mal à accepter au nom de la culture.

Un éminent pasteur à Lubumbashi déclarait au grand bonheur des phallocrates : « La place de la femme est et doit rester à la cuisine. » Quand bien même plusieurs s’opposeraient à ces paroles, l’appréhension du rôle secondaire de la femme reste ancrée chez la plupart des Congolais. Dans leurs ménages, des femmes sont violées, battues sans se sentir obligées de porter plainte, d’ailleurs pourquoi le feraient-elles ? Nos institutions portent l’étendard du patriarcat ! Des jeunes filles humiliées aussi bien dans leurs familles que dans leurs églises.

Les injustices à l’encontre de la femme congolaise sont nombreuses et très peu de voix s’attaquent à la racine du problème : notre système de pensée oppressant, cette phallocratie placée sous l’égide de la culture.

Le piège de la culture

Recourir à l’argument de la culture est l’une des bévues populaires débitées par les détracteurs du féminisme. « Le féminisme est une notion occidentale et ne fait pas partie de nos traditions, on ne doit pas tout copier », peut-on entendre dire. C’est pourtant la colonisation qui a balayé le matriarcat et installé le patriarcat dans notre société actuelle. Beaucoup l’ignorent, malheureusement. Mais plusieurs sociétés traditionnelles congolaises contredisent l’idée d’une culture patriarcale écrasante en RDC. Les traditions et les cultures ne sont donc pas statiques, elles évoluent et peuvent être soumises à la critique.

L’hypocrisie de l’élite

Grâce Nsamba a bien raison lorsqu’elle s’interroge : pourquoi tant de pressions traditionnelles sur les veuves ?  J’irais même plus loin : pourquoi tous les 8 mars l’élite rend-elle hommage à la mama Africa toute forte et vertueuse pour ensuite la traiter de prostituée quand elle réclame son émancipation ?

Vous souvenez-vous de l’affaire Goya ? Et de la réaction des femmes du FCC à l’outrage que venait de subir une députée dans l’exercice de ses fonctions ? Des hommes par souci d’affirmer leur fragile virilité sont emmenés (convenance sociétale l’oblige) à dominer et violenter des femmes, et plus grave pour ces dernières, elles ont été rendues amoureuses de ce système qui les opprime ! Un syndrome de Stockholm que seule une éducation féministe pourrait guérir.

J’aurai des filles, je veux qu’on les encourage à fuir ces églises où bénédiction pour la femme est synonyme de mariage. Qu’on leur fasse comprendre que le mariage n’est ni une destinée ni une fatalité, qu’on leur dise qu’elles n’existent pas pour satisfaire les désirs lubriques d’un homme en quête d’estime de soi, qu’elles sont nées libres et qu’elles doivent se forcer à le rester.

 

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