Des décennies de conflits armés ont profondément affecté les communautés locales dans l’est de la RDC. Si les récits de guerre mettent souvent en lumière les acteurs militaires et politiques, le rôle crucial des femmes dans la construction de la paix reste parfois méconnu. Pourtant, elles jouent un rôle fondamental en tant que médiatrices, éducatrices et bâtisseuses de la cohésion sociale.
À travers trois témoignages, je vous invite à découvrir comment des femmes courageuses œuvrent, souvent dans l’ombre, pour réconcilier les communautés et restaurer l’espoir à l’est de la RDC. Trois femmes de caractère qui abattent un travail de qualité dans les zones de conflit :
1. Jeannette Kwiboneka
Âgée de 42 ans, Jeannette est membre d’un réseau de médiatrices communautaires à Sake, près de la ville de Goma. Elle avait fui son village lors des affrontements, avant de revenir avec la volonté de contribuer à la réconciliation.
Elle parle ici de son initiative visant à unir les femmes issues de plusieurs communautés locales : « Quand les combats opposant les FARDC au M23 se sont calmés dans notre village, les rancœurs ont persisté. J’ai alors décidé de rassembler les femmes de différentes ethnies autour des activités communes ici à Sake. La cuisine et l’artisanat sont devenus nos outils de dialogue. Peu à peu, les échanges se sont apaisés et les hommes ont suivi notre exemple. »
L’initiative de Jeannette Kwiboneka porte des fruits. Elle a permis de créer des espaces de dialogue où les femmes, en tissant des paniers ou en préparant des repas collectifs, ont appris à se connaître et à dépasser les stigmates du conflit.
2. Aline Malira Masumbuko
Enseignante à l’Université de Goma, Aline s’est donné pour mission de « reconstruire des ponts » entre les générations. Grâce à son organisation dénommée SACDI, elle organise des séances de sensibilisation avec des jeunes issus de milieux différents. Voici son témoignage :
« Après la mort de mon frère dans une attaque, j’ai vu la colère monter chez les jeunes du quartier. Ils voulaient se venger. J’ai compris qu’il fallait leur offrir un autre chemin. »
Aline utilise des outils pédagogiques pour aborder des thématiques telles que le pardon et le vivre-ensemble. Grâce à son engagement, plusieurs jeunes ont renoncé à rejoindre des milices et se sont plutôt investis dans des projets tels que : la fabrication de savons et la menuiserie collective. Ce qui renforce ainsi leur stabilité locale.
3. Rosine Hamuli
Elle est directrice exécutive de L’ONG Alliance pour la vie. Surnommée « guérisseuse du lien social », Rosine Hamuli exerce un leadership reconnu de tous. « Beaucoup de femmes sont choquées avec des traumatismes profonds. J’ai décidé d’organiser des cercles de parole pour leur permettre d’exprimer leurs douleurs et leurs espoirs », explique-elle.
En organisant des séances de thérapie collective, Rosine a permis à des femmes victimes de violences sexuelles de retrouver leur dignité et leur place dans la communauté. Son approche holistique, combinant écoute, activités économiques et soutien psychologique, a redonné espoir à de nombreuses familles brisées par la guerre.
Les femmes, piliers d’une paix durable
Les témoignages de Jeannette, Aline et Rosine illustrent que les femmes sont bien plus que des victimes des conflits. Elles sont des artisanes indispensables de la paix, agissant souvent discrètement mais avec une efficacité remarquable. Leur engagement dans la médiation, l’éducation et la guérison des traumatismes démontre qu’une paix durable en RDC ne peut être obtenue sans elles.
Investir dans le renforcement des capacités des femmes, leur donner plus de place dans les processus décisionnels et valoriser leur contribution est essentiel pour restaurer une stabilité durable dans l’est du pays.
En cette période de tensions persistantes, les femmes continuent de prouver que la réconciliation et la résilience passent par des gestes simples mais puissants : une parole échangée, un repas partagé, une main tendue. Elles sont, sans conteste, les véritables gardiennes de la paix en RDC.
*Ce contenu de sensibilisation est produit dans le cadre du ‘’Peace Project’’, un projet de paix mené dans l’est de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, en partenariat avec l’ONG néerlandaise Mensen Met Een Missie (MMM). Ensemble, nous encourageons les communautés à adopter et à partager davantage de récits alternatifs et inclusifs, afin de promouvoir la paix sociale, le dialogue et le vivre-ensemble. Cette initiative s’oppose aux discours de haine, à la manipulation et à la violence, qui fragilisent le tissu social.