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Filles-mères ou condamnées par les parents et la communauté ?

Le phénomène fille-mère ne date pas d’hier dans notre société. Il est vieux de plusieurs années et a pris de l’ampleur avec la crise socioéconomique que connaît la RDC, particulièrement la ville de Bunia.

Ce phénomène a atteint un niveau inquiétant et beaucoup de jeunes filles sont rejetées par leurs familles. Ces dernières se considèrent déshonorées par une fille qui fait un enfant sans être mariée. La grossesse et le bébé devenant ainsi des charges supplémentaires que les familles ne sont pas prêtes à accepter. Ces filles-mères constituent ainsi « une honte » dans la communauté congolaise.

Honte et culpabilité à 14 ans ?

A Bunia, des filles tombées enceintes précocement sont regardées d’un œil méprisant. Surtout à l’idée de les épouser. Les mariages sont de plus en plus recherchés par les femmes, surtout en ville. Mais une fille qui a déjà mis au monde est considérée comme non-épousable, même si elle peut être plus vertueuse que celle qui n’a pas encore eu d’enfant. Les familles des prétendants, généralement, sont les premiers à se dresser contre un mariage avec une fille qui a déjà un enfant.

Naomie, 27 ans, vit à Bunia. A ses 14 ans, elle a rencontré Alain, un Camerounais. Celui-ci l’a rendue grosse avant de disparaître, parce qu’on a découvert qu’il était un contrefacteur de monnaies.

La mère de Naomie n’a pas supporté cette grossesse et a décidé de chasser la fille de la maison familiale. Elle s’est retrouvée alors seule, avant que sa tante ne la reprenne chez elle. Naomie donne alors naissance à Jennifer, une magnifique fille d’environ 12 ans aujourd’hui.

Espoir ou désespoir pour Naomie ?

Sa tante ne pouvait prendre toute la responsabilité seule. À ses 20 ans, Naomie rencontre monsieur Tsibwabwa. Avec lui, elle rêve d’une vie plus calme, chez elle. Puis, elle tombe enceinte une nouvelle fois. Tshibwabwa veut la prendre pour épouse, mais sa famille s’y oppose sous prétexte qu’il est « étranger ». C’est-à-dire, non originaire de l’Ituri, pourtant un Congolais. Nous savons tous qu’à Bunia il n’y a pas de mariage sans autorisation des parents. Surtout les parents de la future épouse. Tshibwabwa a donc respecté la décision des parents de la fille et il est parti.

A quoi ressemble la vie de Naomie aujourd’hui ?

Naomie vit aujourd’hui désespérément. Tout le monde la traite de prostituée, et personne ne se soucie de son histoire ni de son avenir. Je sais que vous allez me dire qu’elle doit chercher un travail ! Oui, mais où ? Avec quel diplôme ? Celui d’une société insouciante et irresponsable qui punit une adolescente pour une erreur qui arrive d’ailleurs à tout le monde ? Ou un diplôme d’une communauté d’hommes qui adore assouvir ses pulsions chez les prostituées et ensuite les déprécie ?

Que Naomie fasse des apprentissages pour se récupérer ! Oui, mais qui va prendre en charge les frais d’apprentissage à l’école ou dans un centre spécialisé ? Car dans tous les cas, la pauvre Naomie reste l’unique responsable de ses erreurs et de ses deux filles de 12 ans et 6 ans. Ses parents qui l’ont rejetée, n’ont jamais commis de mal dans cette affaire, après tout. N’est-ce pas ?

J’estime que la question de l’autorisation parentale pour qu’un mariage ait lieu devrait être revue et fixée correctement par la loi. On devrait tenir compte de pareilles fautes graves que des parents commettent et qui ruinent la vie de leurs enfants.

 

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