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Black Panther : réel engouement ou effet de masse ?

Depuis sa sortie, le film Black Panther ne cesse de faire des vagues. Beaucoup d’Africains et d’Afro-descendants y voient une reconnaissance de l’excellence noire, dont les traditions ont été longtemps occultées dans les médias mais aussi au cinéma. Si le succès est au rendez-vous, nombreux se demandent si le style cinématographique du film (science-fiction), au-delà de l’aspect culturel africain partagé, est une habitude africaine. A quel public s’adresse vraiment ce film ?

Nous sommes à Kinshasa, le 16 février 2018. Près de 1200 Kinois se donnent rendez-vous au Ciné-Kin, une salle de cinéma à succès dans la capitale. Sur les réseaux sociaux, c’est le Wakanda style qui bat son plein. Chacun y met sa touche pour raconter l’histoire du film Black Panther. La salle de cinéma, Ciné-Kin, est pleine à craquer, plus que d’habitude. Près de 1200 billets sont vendus alors que la salle ne peut contenir que 600 personnes. A quand une pareille mobilisation pour des productions congolaises ? Ah ! Ça, il y a encore du travail.
Black Panther aura le mérite, outre les valeurs qu’il incarne, de mettre en avant un genre peu répandu en Afrique : la science-fiction. A la sortie du film à Kinshasa, très peu de spectateurs venus assister en sont ravis. « Quand vous avez des gens qui n’ont jamais regardé Matrix et qui subitement disent de Black Panther que c’est le meilleur film, on nage en plein délire », confie Stéphane Okito, un fan venu assister à la projection. C’est à croire que la mobilisation en RDC a été la conséquence de la campagne lancée via les réseaux sociaux. « J’étais dans la même salle pour la sortie de Man of Steel ou l’Aube de la Justice (Batman contre Superman), rien à voir avec l’engouement qu’il y a aujourd’hui », poursuit Stéphane.

Aux origines : le « Whitewashing »

Si les Noirs se sont autant mobilisés pour appuyer la sortie de Black Panther, c’est que beaucoup fustigent le Whitewashing, une pratique qui consiste à substituer des acteurs blancs dans des films dont les récits se rapportent à des personnages d’autres origines raciales. C’est ainsi que dans les Dix commandements de Cecil DeMille, les Égyptiens qui y sont représentés sont tous…blancs. Le fait que Gérard Depardieu interprète l’écrivain métis Alexandre Dumas ou que la reine égyptienne Cléopâtre aux origines africaines soit interprétée par la Britannique Elisabeth Taylor, renforcerait indirectement les clichés raciaux selon de nombreux observateurs.
Queen Latifah, célèbre actrice américaine, a jeté un pavé dans la marre quand elle affirmait que la série à succès Friends était une adaptation de Living Single mais où le casting était entièrement constitué de Noirs. Le réalisateur Ridley Scott, qui tourna Exodus : Gods and Kings, une adaptation du récit biblique de l’Exode, justifiait que le fait d’avoir fait jouer des acteurs blancs dans son film, lui a permis de sécuriser son budget.

« Blaxploitation » : la contre-attaque

Courant né dans les années 70, la « Blaxploitation » visait à revaloriser l’image des Afro-américains en les présentant dans des rôles dignes. Ces films n’engageaient essentiellement que des acteurs noirs et étaient orientés vers cette communauté. Le genre a évolué avec le temps sous plusieurs formes pour constituer le cinéma afro-américain d’aujourd’hui. La sortie de Black Panther a été considérée par certains comme un film communautaire, dont le but est de valoriser la race noire, ses valeurs et sa culture. Une quête qui compte rompre avec l’image stéréotypée d’une Afrique sinistrée où la culture et le savoir des Noirs sont faussement présentés comme inexistants.


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