Les mariages forcés en RDC ne sont pas une pratique révolue, bien au contraire. Dans la ville de Goma, on continue de forcer des filles et des hommes à se marier. C’est très souvent quand un garçon engrosse une jeune fille, la famille de celle-ci oppose deux choix au jeune homme, le mariage ou la prison. Parfois, il suffit juste que la famille de la fille découvre qu’elle a eu des rapports sexuels avec son amant pour que le mariage s’impose.
Un mariage forcé exposera votre fille à davantage de peine que si elle reste sous votre toit ! Voici l’histoire de Justin Luwendo (nom d’emprunt). Il n’a qu’une vingtaine d’année, et s’est retrouvé dans une situation de mariage forcé. Il sortait depuis une année avec Carine quand un jour ils ont fait l’amour pour la première fois. « Le lendemain, j’étais surpris de revoir ma copine à la maison, chez ma tante où j’habitais. Elle était accompagnée de membres de sa famille qui menaçaient de me traduire en justice si je n’acceptais pas de rester avec leur fille comme épouse », témoigne-t-il. Et d’ajouter : « Malgré le fait que Carine était majeure, sa famille menaçait de m’accuser de l’avoir violée, pourtant on était tous les deux consentants. » Connaissant la justice congolaise en matière de viol, la tante de Justin décide d’accepter Carine comme « épouse » de Justin.
Actuellement, Justin vit au village avec Carine devenue sa femme. Il a dû arrêter ses études, alors qu’il n’était qu’en première année à l’université. « Je ne pouvais pas supporter les charges pour les études de Justin et les besoins de sa compagne. J’ai donc dû les renvoyer au village, Carine et lui, et ainsi je peux les aider autant que je peux. Mais je déplore qu’ils aient dû commencer une vie de couple sans y être préparés », explique la tante de Justin.
Un mariage forcé, pour quel résultat ?
Carine suivait une formation accélérée en coupe et couture, elle a été obligée d’abandonner et d’aller vivre au village. Deux personnes forcées de vivre ensemble et qui abandonnent leurs études. Mais pour quel avenir ? Déjà pour ceux qui ont étudié l’emploi n’est pas garanti en RDC, à plus forte raison pour deux personnes sans diplômes !
A mon avis, les familles doivent comprendre que le mariage n’est pas une raison de contraindre leurs enfants, par peur d’une certaine « honte » ou d’un « déshonneur ». On ne devrait pas mettre en péril tout le reste de la vie de nos filles par des mariages forcés. Coucher avec un homme ou être enceinte de lui n’est pas synonyme d’être prête à l’épouser ! Une grossesse n’est pas une fatalité, elle ne réduit en rien la filiation de votre fille. Elle est et restera votre enfant.
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Il.ya de ces pratiques courantes qui doivent vraiment changer et que nous devons continuer à dénoncer. Courage.