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Yvette Ntolo : la vendeuse à succès de bazins en ligne

Elle a un diplôme en communication sociale et en gestion de ressources humaines, pourtant c’est dans l’entrepreneuriat qu’elle s’en sort bien. Yvette Ntolo est une Congolaise basée à Dakar au Sénégal depuis 12 ans. Son travail : vendre des bazins et des boubous de qualité sur Internet à travers le monde. Jean-Hubert Bondo l’a interrogée à Dakar.  

Habari RDC : Yvette Ntolo, tu es Congolaise, qu’est-ce que tu fais comme travail ici à Dakar ?

Yvette Ntolo : Je travaille en freelance, j’ai mon propre business, avec l’aide de mon mari. Je vends des boubous en ligne que j’expédie un peu partout à travers le monde.

Comment arrives-tu à atteindre tes clients?

Je le fais à partir de mon carnet d’adresses : je contacte les amis du lycée, du quartier, de l’université, mes connaissances à travers le monde. Pour la plupart, on est connecté sur Facebook et WhatsApp. Je leur envoie des photos de bazins par e-mail, ils apprécient et passent la commande. L’expédition des colis est plus facile ici à Dakar par la poste. Contrairement au Congo, la poste ici est très sérieuse. La poste expédie partout dans le monde dans un délai de 15 jours. Pour des pays comme l’Afrique du Sud, les États-Unis c’est 15 jours. La France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne c’est 8 jours, parfois 3 jours et les clients sont servis. Tous ceux qui sont à l’étranger m’envoient l’argent, ils me donnent 10 jours, je fais confectionner les boubous et je leur expédie. Pour ceux qui sont à Kinshasa, je profite quand il y a des amis qui viennent en mission de service ici à Dakar ou qui viennent voir leurs familles. Des expatriés sénégalais qui sont en poste à Kinshasa m’appellent et me disent : « Madame Yvette, il y a des amis qui viennent à Dakar cette semaine, envoyez-nous des boubous. » Je fais vite le colis, je paie les excédents de bagages dans les avions et le colis est parti.

Quel genre de bazins et de boubous vends-tu ?

Il y a plusieurs marques de boubous. Il y a des bazins riches, seconde qualité, moins riches. Avec les bazins riches, on peut faire trois ou quatre types de boubous. Il y a par exemple les polman, ce sont des tissus qui brillent beaucoup, mais le seul défaut est que ça laisse parfois des traces de couleur sur le corps, et ça, mes clients, surtout ceux de Kinshasa n’aiment pas. À part les polman, il y a les bazins getzner : là c’est la grande marque que les gens aiment beaucoup, ça brille bien et c’est ce que l’on appelle le bazin riche. Et le bazin getzner travaillé est appelé VIP. Ça brille et c’est doux. Il y a plusieurs façons de travailler les bazins, et ce sont les Maliens qui savent mieux le faire.

En Afrique de l’Ouest, les meilleurs brodeurs sont des Sénégalais et les meilleurs bazins viennent du Mali. Il y a aussi le bazin ganila teinté et non teinté. Mais la couture aussi compte. En plus, il y a quatre sortes de fils : fil turc, fil 217, petit et gros fil. Les Congolaises en particulier préfèrent le gros fil, parce que le boubou est bien rempli avec de gros dessins et c’est ce qu’elles aiment. Mais ici en Afrique de l’Ouest, c’est le fil turc ou 217 qui est préféré, surtout lorsque c’est incrusté de petites pierres. Mes compatriotes congolais aiment l’extravagance, les bazins aux motifs bien remplis, les dessins et des choses comme ça.

Ce travail te rapporte beaucoup d’argent ?

Ça rapporte effectivement. Mais les débiteurs insolvables ne manquent pas. Raison pour laquelle, le travail de vente de boubous nécessite d’avoir un gros capital pour ne pas être bloqué par de mauvais payeurs. Dans l’ensemble ça rapporte, sinon je n’aurais pas continué ce travail. Cela fait neuf ans que je fais ce boulot. Je travaille avec des couturiers (sept au total) qui ont leurs ateliers. Moi je ne fais que leur amener des boubous à coudre : 20 ou 30 tissus chaque fois et ils me livrent ma marchandise. Ils produisent les modèles que moi je leur demande.

Quel message as-tu pour les Congolaises qui voudraient se lancer dans ce genre de business ?

Je leur dis qu’il faut bien faire l’étude du marché. On ne doit pas se lancer dans un commerce à l’aveuglette parce que l’autre l’a fait et ça lui réussit. Il faut savoir quelle est la clientèle cible. Se rassurer d’avoir des personnes capables d’acheter votre produit. Quand vous allez investir 5 ou 6 000 dollars dans les boubous et que dans votre ville il n’y a pas assez d’acheteurs, vous aurez fait une fausse affaire. Il faut bien étudier le marché.

En dehors des bazins et des boubous, y a t-il autre chose à faire comme commerce à Dakar qui peut intéresser les Congolaises ?

Il y a plein de choses à Dakar. Il y a par exemple des babouches produites par la petite industrie manufacturière sénégalaise. Des babouches pour hommes et femmes, des chemises, des foulards nigérians, des chaussures que nous appelons « perpettes », des perles pour boucles d’oreilles… Bref, il y a plein de choses à vendre ici. Mais la grande difficulté pour les Congolaises c’est le coût du billet d’avion pour arriver à Dakar.  

 


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