Le processus de paix de Luanda vient de mourir. Paix à son âme ! C’est à travers un communiqué de la présidence angolaise que le président Joao Lourenço a décidé de renoncer à son rôle de médiateur dans le conflit de l’est de la RDC. Même s’il justifie cette prise de position par ses nouvelles fonctions de président de l’Union africaine, il y a lieu d’y voir clairement d’autres raisons.
En effet, la guerre de l’Est est tellement meurtrière qu’elle tue tout sur son passage : civils, militaires, humanitaires, et même tous les processus de paix. Celui de Luanda n’a pas été épargné. Pourtant, beaucoup pensaient plutôt que le fait d’être à la fois médiateur du conflit congolais et président de l’Union africaine serait un avantage pour le président angolais. En ce sens que cela lui donnerait plus de poids et d’influence pour mener avec efficacité sa mission de médiateur. Mais il a renoncé. Dans ce cas, on peut s’interroger sur les vraies raisons possibles du désengagement de la médiation angolaise.
Voici les trois raisons possibles :
1. Lassitude
Être médiateur dans le conflit de l’est du Congo, ce n’est pas une partie de plaisir. Il faut avoir des nerfs solides face à des acteurs qui non seulement vous donnent le tournis, mais aussi vous font perdre inutilement votre temps. Il est possible que le président Joao Lourenço en ait eu marre du conflit congolais et de l’incapacité des acteurs à s’entendre. Une médiation n’est qu’une mission de bons offices. Il appartient aux parties en conflit de se l’approprier pour mettre fin à leur différend. Ce n’est pas un hasard si ce conflit dure depuis près de trois décennies. Et le médiateur ne peut rien si les parties concernées refusent de s’entendre.
2. L’intrusion du Qatar
En décembre 2024, la médiation angolaise à invité Paul Kagame et Félix Tshisekedi a Luanda pour des pourparlers directs. Tshisekedi a marqué sa présence, mais Kagame a décliné l’invitation. Le président rwandais exigeait que les négociations directes se fassent plutôt entre Kinshasa et les rebelles du M23-AFC. Le 18 mars 2025, le président angolais a invité les rebelles du M23-AFC et le gouvernement congolais à venir à Luanda pour se parler face-à-face. La délégation du gouvernement a répondu présent, mais les rebelles ont boycotté les négociations.
Dans la foulée, Kagame et Tshisekedi choisissent de tenir leurs négociations directes plutôt loin de l’Afrique, à Doha au Qatar. Il est possible que le médiateur Joao Lourenço se soit senti humilié par cette démarche. Kagame prêt à répondre à l’invitation de l’émir du Qatar plutôt qu’à celle de son homologue africain. La médiation angolaise s’est-elle vue tournée en dérision ?
3. L’accord sécuritaire Kinshasa – Washington
Le gouvernement congolais a toujours affirmé qu’il mène son combat pour la paix sur plusieurs fronts, notamment : militaire, judiciaire et diplomatique. Justement sur le plan diplomatique, un possible deal serait en train d’être négocié entre Kinshasa et la Maison Blanche. Ce deal consisterait à confier certains minerais congolais aux Américains en échange d’un soutien militaire pour mettre fin à la guerre et aux velléités expansionnistes rwandaises. Cet accord possible met-il l’Angola mal à l’aise ?